Pauline Marois se réjouissait de sa «rencontre historique» avec le premier ministre indépendantiste de l'Écosse, Alex Salmond. Mais elle passe inaperçue.

Ils doivent se rencontrer cet après-midi. Le gouvernement minimise la visite. «Il s'agit d'une rencontre de courtoisie, une des nombreuses selon ma compréhension qu'il aura aujourd'hui», a répondu par courriel un porte-parole du gouvernement du Scottish National Party. Aucun point de presse conjoint n'a été organisé. Fait inusité, le cabinet de M. Salmond refuse même que les médias prennent des images de la rencontre.

Les journalistes l'ont rapporté sur Twitter. Mme Marois a rapidement convoqué un point de presse, qui n'était pas prévu à l'horaire. Elle a fait une déclaration d'une minute sur sa rencontre plus tôt aujourd'hui avec la directrice du regroupement Festivals Edinburgh. Elle a ensuite répondu à une seule question. «M. Salmond refuse-t-il d'être vu avec elle?»

«Ce n'est pas le cas, a répondu la première ministre. Comme vous l'avez vu, on n'établit pas les règles du parlement. Les journalistes ne peuvent entrer au parlement, et on doit le voir au parlement parce qu'il y a un vote. Quant à moi, c'est la visite tel que prévu.» Puis elle a rapidement tourné les pieds.

En interview avec La Presse la semaine dernière, David McCrone, un sociologue indépendantiste de l'université d'Édimbourg, indiquait que M. Salmond ne parlait pas beaucoup de la Catalogne ou du Québec dans ses discours. «C'est normal. D'un point de vue stratégique, ce n'est pas une bonne idée de trop s'associer à la bataille d'une autre personne. Les adversaires peuvent s'en servir pour mieux l'attaquer», indiquait-il. Les souverainistes québécois ont déjà perdu deux référendums, soulignait-il.

L'Écosse doit organiser un référendum d'ici la fin 2014. M. Salmond voudrait promettre qu'une Écosse indépendante conserverait la reine comme chef d'État et demeurerait membre de l'Union européenne et du Commonwealth. Pour ce, elle aurait besoin de l'appui des autres pays membres, dont le Canada. Le Canada ne se réjouit pas de voir Mme Marois rencontrer un autre chef de gouvernement souverainiste.

Mme Marois termine aujourd'hui sa mission économique en Europe, après un passage au Forum économique mondial de Davos et à Londres.

Elle est accompagnée par le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales et à la Gouvernance souverainiste. Ils voulaient conclure une entente de coopération avec l'Écosse, comme celles qui existent déjà avec la Bavière et la Flandre. On ignore si une telle entente sera signée aujourd'hui.

Photo archives AFP

Alex Salmond