Inquiet de l'état de santé des jeunes joueurs de hockey de la province, Québec mettra sur pied un registre des blessures pour contrôler et documenter la violence sur les patinoires, a appris La Presse. Unique en son genre, le projet, qui est encore embryonnaire, obligerait les équipes à déclarer tous les accidents qui surviennent sur la glace. Si le système fonctionne bien, il pourrait ensuite être étendu à d'autres sports.

«Ça nous donnera une meilleure idée de ce qui cause les accidents et de leurs conséquences, explique Esther Chouinard, la porte-parole du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), à l'origine du projet. On pourra mettre en place de meilleurs protocoles pour enrayer le phénomène de violence, recenser les meilleures pratiques et cibler les cas plus problématiques.»

Le hockey servira de projet-pilote. Si les résultats sont positifs, le programme sera probablement élargi. Ultimement, les blessures sportives deviendraient donc à déclaration obligatoire au Québec. Une mesure rarissime dans le monde du sport. «Même la Ligue nationale ne fait pas ça, dit le directeur des communications chez Hockey Québec, Daniel Côté. Je n'ai jamais entendu parler de quelque chose comme ça ailleurs.»

Un sport à haut risque

Rien qu'au hockey, les blessures occasionnent plus de 53 000 consultations médicales annuellement dans la province, selon un document du Ministère. Et l'on ne parle pas ici des ligues majeures. À titre comparatif, la planche à neige provoque 28 000 consultations et le soccer, pourtant beaucoup plus pratiqué que le sport de Sidney Crosby, en force 30 000. Une autre étude, celle-là de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), fait du hockey l'un des sports les plus à risque de blessures, avec les sports de combat, le football, le soccer et le surf des neiges.

«Outre les commotions cérébrales, on voit surtout des blessures à la bouche, des contusions et des dislocations, dit le directeur général de Hockey Québec, Sylvain Lalonde, qui accueille très positivement l'idée d'un registre. Ce sera la première fois qu'on pourra vraiment évaluer les blessures au quotidien.»

Peu de données

Actuellement au Québec, les seules statistiques disponibles proviennent des hôpitaux ou d'un sondage sur les blessures subies durant les activités récréatives et sportives mené périodiquement par l'INSPQ. Soucieux d'éliminer les comportements agressifs, après avoir notamment adopté un code d'éthique des parents, le gouvernement veut surveiller les patinoires d'encore plus près. D'où le registre.

Le projet sort à peine des cartons et les détails n'ont pas encore été ficelés, prévient toutefois le MELS. «On en est toujours à déterminer comment on va s'y prendre pour obtenir l'information, dit Esther Chouinard. C'est assez délicat parce qu'il faut respecter la Loi sur la protection des renseignements personnels.» Selon nos informations, le registre risque donc d'être non nominatif.

Pour Hockey Québec, il faudra aussi que le programme soit simple pour que les équipes y adhèrent. «On pourrait par exemple leur demander de remplir un rapport de blessures en même temps que la feuille de match à la fin de chaque partie», propose Sylvain Lalonde. Il ajoute que ce sont les équipes de niveau bantam et midget, où les mises en échec sont permises, qui risquent d'être les premières concernées.

Impossible de savoir à quel moment le processus de déclaration des accidents entrera en vigueur dans les arénas. Chez Hockey Québec, on se dit prêt à se lancer dès le début de la prochaine saison.