Le budget de Nicolas Marceau, les déboires de Daniel Breton, la double nomination d'André Boisclair, sans compter la longue liste des promesses électorales revues et corrigées: les Québécois sont de plus en plus insatisfaits du gouvernement péquiste qu'ils ont porté au pouvoir le 4 septembre dernier.

Si le gouvernement de Pauline Marois récoltait un taux de satisfaction de 44% en novembre, juste avant le dépôt du budget, il n'y a plus que 39% de la population qui jugent sa performance satisfaisante, cette semaine.

C'est ce que constate la maison CROP dans une enquête réalisée du 5 au 10 décembre auprès de 1000 internautes.

La cohorte des insatisfaits grossit. Ils comptaient pour 48% des répondants au début du mois de novembre avant de passer à 51% après le budget. Ils sont désormais 54% de citoyens à être mécontents du gouvernement Marois. «C'est très faible comme appui après seulement 100 jours, la lune de miel a été courte, et le "plafond" est bas», observe Youri Rivest, vice-président de CROP. Peu après la formation du gouvernement, en octobre, au moment où elle était en difficulté avec sa promesse d'abolir la taxe santé, Mme Marois avait soulevé l'insatisfaction de 55% des répondants.

De plus en plus de Québécois jugent que le «Québec va dans la mauvaise direction»; 59% d'entre eux sont désormais de cet avis, une hausse de quatre points par rapport à novembre. On est toutefois loin du pessimisme de la fin du régime libéral, alors que 72% des répondants étaient insatisfaits du gouvernement Charest.

Mme Marois perd aussi des plumes quand on demande lequel des chefs de parti ferait le meilleur premier ministre. Malgré l'avantage que procure le fait qu'elle occupe déjà la fonction, Mme Marois décroche 23% d'appuis, trois points de moins qu'en novembre. Elle renoue ainsi avec son résultat d'octobre. Sa cote a monté avec les élections - elle obtenait moins de 20% le printemps dernier.

François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) semble maintenir sa tendance à la hausse depuis juin. Il a maintenant 24% d'appui, deux points de plus qu'en novembre et huit points de plus qu'en juin. «La tendance est significative», observe M. Rivest. Jean-Marc Fournier, chef intérimaire du Parti libéral (PLQ), reste un acteur marginal. Seuls 9% des répondants le voient comme premier ministre, trois points de moins qu'au moment où il a succédé à Jean Charest.

Le PQ en avance

L'insatisfaction envers le gouvernement ne se transpose pas dans les intentions de vote, cependant. Le Parti québécois (PQ) conserve une bonne longueur d'avance sur ses adversaires. Si des élections avaient eu lieu cette semaine, le PQ aurait été en meilleure position que le 4 septembre avec 36% des suffrages après répartition des 13% d'indécis et de personnes qui ont refusé de répondre. Le PQ avait obtenu 32% des voix aux élections. Pour le PQ, on revient aux chiffres d'octobre et novembre, avant le budget.

La CAQ de François Legault obtiendrait 25% des suffrages, deux points de moins qu'aux élections et quatre points de moins qu'en novembre. Québec solidaire récolte 10% des intentions de vote, quatre points de plus qu'aux élections et trois de plus qu'en novembre. Le PLQ récolte 25% d'appuis, six points de moins qu'aux élections et un recul de deux points par rapport à novembre. La question sur l'intention de vote mentionne le nom du chef, Jean-Marc Fournier, dépeint comme «intérimaire» dans les interviews de CROP.

Par segment d'électorat, on constate que l'appui au PLQ chez les francophones reste anémique, avec seulement 17% - la CAQ récolte 28% des intentions de vote des francophones et le PQ, 42%, «une avance substantielle», note Youri Rivest. Les libéraux raflent la part du lion chez les non-francophones avec 74% d'intentions de vote.

Dans l'île de Montréal, le PQ est en avance avec 37% d'appuis, suivi du PLQ avec 34%. La CAQ est loin derrière avec 16%. La Coalition se rattrape dans la banlieue. Avec 29% d'intentions de vote, elle devance le PLQ, qui obtient 26%. C'est toutefois le PQ qui domine dans la banlieue avec 36% d'appuis.

À Québec, la CAQ obtient 38% des intentions de vote - une nette avance sur ses adversaires. En région, avec 38% aussi, c'est le PQ qui a la cote.