Des projets que les ministres annoncent de leur propre initiative, des dépenses importantes qui apparaissent puis disparaissent, sans explications, du programme d'immobilisations: dans les dernières années, Québec a perdu la maîtrise de ses projets d'immobilisations et d'infrastructures, pour les projets d'hôpitaux et de routes surtout.

À la veille d'un budget douloureux, comportant beaucoup de coupes, le gouvernement Marois rend public vendredi matin le rapport indépendant de Secor-KPMG sur la gestion et la planification des projets d'infrastructures au cours des dernières années.

En fond de scène, le gouvernement Marois voudra d'abord faire le procès de la gestion des projets d'immobilisations sous le gouvernement Charest. Non seulement des projets spécifiques ont dérapé, mais aussi, dans l'ensemble, le gouvernement a perdu la maîtrise de son plan d'investissement, constate Secor-KPMG, observateur indépendant, ancien employeur de Raymond Bachand et de Philippe Couillard.

Un exemple a été révélé cette semaine. L'agrandissement des urgences de l'hôpital d'Alma, projet totalisant 30 millions, n'avait pas été inscrit formellement au plan quinquennal d'immobilisations. Seule la construction d'un stationnement, au coût de 10 millions, était explicitement prévue, a expliqué le ministre de la Santé, Réjean Hébert. Son prédécesseur Yves Bolduc, relancé par La Presse, n'a pas nié les faits, mais a répliqué que s'il était toujours en poste, il aurait fait en sorte que le projet se fasse, en étant financé par une enveloppe annuelle de 400 millions au ministère de la Santé. Or, cette enveloppe de 400 millions est destinée au «maintien d'actifs» et ne devrait pas servir à de nouvelles constructions.

Secor-KPMG observe que des ministres ont pu faire des annonces sans avoir obtenu l'autorisation du Conseil du Trésor, ajouter des projets et en retirer au gré des pressions toujours fortes en région. L'observateur préconise un «cadre de gestion renforcé».

L'étude commandée par Infrastructure Québec illustre les craintes qu'a récemment évoquées le président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard, sur des dépassements moyens de 80% du coût d'une vingtaine de projets importants, par rapport aux prévisions.