Ulcérée de voir son parti dépeint comme un «parti séparatiste pur et dur» par le gouvernement Harper, la co-porte-parole de Québec solidaire Françoise David envisage d'écrire à Stephen Harper pour que cessent les attaques contre sa formation.

La scène est devenue familière pour ceux qui suivent de près les travaux de la Chambre des communes: le député néo-démocrate Alexandre Boulerice prend la parole plusieurs fois par semaine pour critiquer le gouvernement conservateur sur des questions éthiques.

Le secrétaire parlementaire du ministre des Transports, Pierre Poilièvre, est fréquemment désigné pour donner la réplique à M. Boulerice. Le député ontarien donne une courte réponse aux questions de son vis-à-vis. Et il profite de l'occasion pour souligner à gros traits que le député néo-démocrate a versé une trentaine de dons totalisant 3700$ à Québec solidaire.

Il décrit ensuite Québec solidaire comme le plus «pur et dur des partis séparatistes». Un site web mis en ligne par le Parti conservateur qualifie d'ailleurs la formation de «radicale».

«Tout ce que nous lui demandons, c'est de nous dire sa position sur le soutien de Québec solidaire. Est-il un fédéraliste, oui ou non?», a encore demandé M. Poillièvre hier aux Communes.

«Insupportable»

La co-porte-parole de Québec solidaire Françoise David savait que son parti avait déjà fait l'objet de critiques de la part des conservateurs, mais se dit estomaquée d'apprendre que les attaques se répètent chaque semaine. Elle trouve cette stratégie «absolument insupportable».

«Pour moi, ce n'est qu'un geste de plus posé par ce gouvernement conservateur que je trouve, pour peser mes mots, absolument imbuvable et antidémocratique, a-t-elle lancé en entrevue. Je suis scandalisée par le comportement de ce gouvernement. Il n'y a pas d'autre façon de le dire.»

Mme David ne s'en cache pas: son parti est bien pour l'indépendance du Québec. Mais elle ne souhaite la souveraineté que si elle est accompagnée d'un «projet social».

Québec solidaire compte 14 000 membres, et Mme David croit que plusieurs sont des souverainistes «tièdes», tandis que d'autres sont carrément opposés à ce projet.

«On n'a pas besoin d'être mal à l'aise si on n'est pas complètement convaincu de la souveraineté et qu'on veut être membre de Québec solidaire, dit-elle. C'est pour cela que notre nombre de membres a doublé depuis un an.»

Mme David connaît M. Boulerice, puisque leurs deux circonscriptions - Gouin au provincial et Rosemont-La Petite-Patrie au fédéral - se chevauchent. Elle affirme que le député fédéral ne milite plus activement dans son parti depuis des années.

Si les attaques contre son parti se poursuivent, Mme David envisage d'écrire à M. Harper.

«Il n'y a personne au Québec que ce député va convaincre que nous sommes un parti de séparatistes extrémistes maniaques, a-t-elle affirmé. Ce qui est malheureux, c'est que ça peut avoir un impact sur les gens au Canada anglais qui s'intéressent à la politique québécoise.»

«Diversion»

Le député Alexandre Boulerice affirme que son attention est entièrement portée vers ses fonctions de député fédéral. Comme critique du Nouveau Parti démocratique en matière d'éthique, c'est notamment lui qui a questionné les conservateurs sur les dépassements de coûts de la campagne électorale du ministre des Affaires intergouvernementales, Peter Penashue, la semaine dernière. À ses yeux, la stratégie de son rival conservateur n'est qu'une «diversion».

«Je ne vois pas quel est leur intérêt réel, à part trouver une excuse pour ne pas répondre, dit-il. Est-ce que c'est disgracieux? Oui. Mais c'est surtout disgracieux parce que ce n'est pas respectueux du Parlement et du processus. On parle de questions d'éthique et on se fait sortir ça.»

Le programme parle

Le député Pierre Poilièvre, quant à lui, estime que le programme de Québec solidaire «parle de lui-même».

Invité à commenter ses propos sur Québec solidaire, il a expédié par courriel plusieurs éléments du programme de la formation. On peut notamment y lire: «Le peuple québécois a donc à choisir entre la soumission à la règle de la majorité canadienne impliquant subordination et uniformité politique, et l'exercice plein et entier de la souveraineté politique.»