Philippe Couillard admet que l'ex-premier ministre Jean Charest n'aurait pas dû demander à ses ministres d'amasser 100 000 $ par année pour le parti. «Rétrospectivement, je trouve que mettre les élus devant une situation semblable ne rend pas service à la démocratie et à la politique. Les élus ont eu une pression placée sur eux ou elles pour lever des fonds», a déclaré l'ex-ministre de la Santé et candidat à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ).

Pourquoi n'a-t-il rien dit à l'époque? Il explique qu'il n'avait jamais fait de politique avant d'être élu en 2003. «Je m'étais dit: ça doit être la façon dont on fait de la politique», raconte-t-il.

Alors que le témoignage de l'ex-entrepreneur Lino Zambito embarrasse le PLQ, M. Couillard a promis d'abaisser la limite des dons aux partis politiques. «C'est clair que l'enjeu soulevé à la commission [Charbonneau], c'est celui du financement des partis politiques», observe-t-il.

Le gouvernement libéral avait abaissé la limite de 3000 à 1000 $. Le gouvernement Marois et la Coalition avenir Québec veulent l'abaisser encore, à 100 $.

M. Couillard veut aussi baisser le plafond, sans avoir choisi de chiffre. «Mille dollars, c'est encore trop. Ce serait probablement entre 100 et 500 $», dit-il.

«Je vais me permettre d'y réfléchir encore, a-t-il ajouté. Ce que je veux, c'est que ce soit un montant modeste [...] qui ne compromet en rien la relation de celui qui contribue à celui qui reçoit. Je crois cependant à la pertinence du geste de la personne qui souhaite contribuer, à même ses goussets, à une cause en laquelle il ou elle croit.»

M. Couillard souhaite abaisser un autre plafond: celui des dépenses permises en campagne électorale. Seule la CAQ propose une telle mesure.

«Je trouve personnellement qu'il y a beaucoup d'argent dans la politique, peut être trop, pense M. Couillard. Est-ce que ça doit coûter si cher que ça? Est-ce qu'on a besoin de toutes ces sommes pour faire de la politique correctement et communiquer nos idées? Avec les journalistes, les médias sociaux, peut être qu'on n'en a plus besoin. Ça doit faire partie de la réflexion.»

Aux militants de décider, répond Moreau

Les trois candidats à la direction du PLQ ont rencontré le chef intérimaire, Jean-Marc Fournier, ce matin à l'Assemblée nationale. L'élection du prochain chef devrait se faire «au début ou à la mi-mars», a annoncé aujourd'hui un des deux autres candidats, Pierre Moreau.

Contrairement à M. Couillard, il ne veut pas prendre position sur la limite des dons. Selon lui, c'est aux militants de décider. «Je suis le candidat qui va proposer le débat parmi les membres. Je ne suis pas le candidat qui va imposer aux membres une conclusion avant même que le débat ne se fasse», a-t-il répliqué à M. Couillard. Il répète qu'il n'est pas «dogmatique».

Toutefois, l'idée ne semble pas l'emballer. «Si on devait baisser la limite de 1000 $, on doit se poser cette question: il faut qu'il y ait une forme de compensation. Est-ce que les payeurs de taxes accepteraient de soutenir à même leurs taxes et impôts le financement de partis politiques?»

«Est-ce qu'on est prêt à demander aux contribuables de faire une compensation, à même leurs taxes et impôts, pour financer des partis politiques qui, au fond, ne reflètent pas leurs façons de voir?», a-t-il demandé à nouveau peu après.

L'autre candidat, Raymond Bachand, devait rencontrer les médias vers 16h pour commenter en même temps la nouvelle contribution santé du gouvernement Marois.