Le gouvernement Marois veut mettre sur les rails le prolongement de la ligne bleue du métro vers Anjou. Il envisage de «bonifier» le mégaprojet de réaménagement de l'échangeur Turcot. Et il se montre ouvert à l'idée d'augmenter la taxe sur l'essence pour financer les transports en commun dans la grande région de Montréal.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, le ministre des Transports et des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, a donné un aperçu de son plan de match pour la métropole. Sa priorité: «décongestionner» le réseau routier et «développer les transports en commun». Sa philosophie, c'est la «mobilité durable».

Le Parti québécois (PQ) respectera sa promesse électorale: la ligne bleue du métro sera prolongée jusqu'à Anjou avant 2020, a-t-il indiqué. Ce projet comprend cinq stations et coûterait 1 milliard de dollars.

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a fait du prolongement du métro une priorité sans toutefois appuyer un scénario en particulier. Montréal plaide pour prolonger la ligne bleue; Laval, la ligne orange; Longueuil, la ligne jaune. Le Bureau de projet de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), maintenant dirigée par l'ex-député péquiste Nicolas Girard, doit faire une recommandation au gouvernement à l'hiver.

«Je regarde les engagements qu'on a pris en campagne, et rien ne dit qu'on va changer ça, au contraire. Je pense que la ligne bleue est un choix réfléchi, et on est sur cet enjeu-là», a affirmé Sylvain Gaudreault.

Une rencontre est prévue la semaine prochaine entre plusieurs ministres, dont

M. Gaudreault, pour «planifier les interventions prioritaires» dans la région de Montréal. «Après, on va se mettre en branle» pour les concrétiser, a-t-il dit.

Sans être «fermé» à l'idée d'envisager un «plan plus global pour les autres lignes du métro», le ministre a fait savoir qu'«on ne peut pas tout faire en même temps».

La CMM réclame une hausse de la taxe sur l'essence de 5 cents le litre en 10 ans pour financer les transports collectifs dans la grande région de Montréal. Cette taxe est de 3 cents le litre à l'heure actuelle et rapporte une centaine de millions de dollars par an.

Après avoir tourné autour du pot, Sylvain Gaudreault a dit avoir «une certaine ouverture» à l'idée d'augmenter la taxe. Il a même lâché: «Si c'était non, je le dirais.»

Le sujet fera partie des négociations entourant le nouveau pacte fiscal avec les municipalités - l'actuel vient à échéance en décembre 2013. Le ministre veut une «discussion ouverte». Il refuse d'avoir d'emblée des «positions tranchées», des «a priori».

Turcot «bonifié»

Le Parti québécois veut réexaminer la reconstruction de l'échangeur Turcot. Après bien des débats avec la Ville de Montréal, le gouvernement Charest a dévoilé un projet de 3 milliards de dollars à l'automne 2010.

«Il faut qu'on regarde ce qu'on peut ajouter ou bonifier», a dit Sylvain Gaudreault. Il pense surtout à l'ajout de voies réservées. Il n'est pas question de «refaire un projet de A à Z». «Il ne faut pas retarder [la reconstruction] ad vitam aeternam. Je ne veux pas qu'on se retrouve dans une situation comme le CHUM», a-t-il affirmé.

Le ministère des Transports a présenté en mai «l'avant-projet définitif» de Turcot, ce qui devait être la version finale. Il a franchi au printemps l'étape de l'appel de qualification. Cinq consortiums ont déposé un dossier. Québec doit normalement annoncer cet automne ceux qui sont retenus pour répondre à l'appel de propositions sur le contrat principal. Un soumissionnaire doit être sélectionné à l'été 2013, et la fin des travaux est prévue en 2018, selon le projet présenté par les libéraux.

L'entretien des structures actuelles coûte des dizaines de millions de dollars par année. «Ce qui me préoccupe beaucoup au sujet de Turcot, c'est la sécurité des usagers», a indiqué le ministre.

Pour le train de l'Est, Sylvain Gaudreault garde le cap sur une mise en service d'ici à la fin de 2014, même si les coûts devaient grimper encore. Pauline Marois a pris cet engagement en campagne électorale. Le gouvernement Charest a suspendu le chantier en raison de dépassements de coûts. Il avait annoncé en 2006 un projet de 300 millions, mais la facture devrait finalement atteindre 700 millions. «Je n'ai rien qui me dit pour l'instant qu'il y a [d'autres] dépassements», a noté Sylvain Gaudreault.

Son prédécesseur, le libéral Pierre Moreau, voulait revoir la gouvernance du réseau routier et des transports en commun, en particulier le mandat de l'AMT. Ce projet est aujourd'hui écarté. «Je ne suis pas dans les débats de structures, vraiment pas!», a lancé Sylvain Gaudreault avant de mettre fin à l'entrevue. Notons toutefois qu'il doit transformer le ministère des Transports en agence.