Par son style de gouvernement «autocratique», Pauline Marois «loge à la même enseigne que Stephen Harper», accuse le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Jean-Marc Fournier.

«Hier, Mme Marois a pris des décisions en refusant le débat public et en refusant la science», a-t-il dit au sujet de l'annulation de la hausse des droits de scolarité et surtout de la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2.

Le PQ avait annoncé en campagne électorale qu'il fermerait la centrale. Le PLQ et la CAQ penchaient pour sa réfection mais voulaient attendre le rapport de la Commission canadienne de la sûreté nucléaire (CCSN). La décision doit être prise avant le 31 décembre 2012, date à laquelle le réacteur devra être éteint pour des raisons de sécurité. Il faudra donc faire la réfection (mise à niveau) ou le déclassement (étape qui mène à la fermeture).

«Mme Marois n'a pas attendu le rapport (de la CCSN) avant de prendre sa décision. Elle n'a pas consulté non plus les gens qui vont en souffrir. Il n'y a pas d'étude sur l'argent perdu pour la région. J'y vois beaucoup de dogmatisme.»

Le PQ invoque essentiellement trois arguments pour fermer la centrale: les coûts qui risquent d'exploser, de possibles problèmes de santé publique et la non-nécessité de cette source d'énergie d'appoint, qui compte pour moins de 3% du portefeuille énergétique québécois.

Hydro-Québec a de nouveau refusé vendredi de donner la plus récente estimation des coûts de la réfection. «Nous n'avons pas de commentaires à faire à ce sujet», a dit sa porte-parole, Marie-Élaine Deveault.

On ne sait pas si cette information sera donnée au nouveau gouvernement Marois. Le gouvernement Charest avait commandé un rapport sur les hypothèses de réfection ou de déclassement. Mme Deveault a refusé de dire si ce rapport devait faire des recommandations.

L'économie ralentit, la division augmente

M. Fournier s'inquiète de la répartition des responsabilités économiques dans le gouvernement Marois. «Nicolas Marceau est responsable de tout!», lance-t-il.

M. Marceau est ministre des Finances et de l'Économie. Il préside le comité ministériel de la prospérité et du développement régional et s'occupe aussi de l'Agence du revenu. Il n'y a plus de ministre du Développement économique, comme c'était le cas dans le gouvernement Charest. Cette vocation est dévolue à M. Marceau, qui sera assisté d'Élaine Zakaïb, ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique.

L'ancien ministère du Développement économique était aussi responsable de l'Exportation et de l'Innovation. Ces rôles sont confiés respectivement aux ministères des Relations internationales (Jean-François Lisée) et de l'Éducation supérieure (Pierre Duchesne). «Le commerce extérieur est soumis à la diplomatie de la souveraineté, et l'innovation est dans les mains de celui qui menace le financement des universités (en annulant la hausse des droits de scolarité)», dénonce le chef du PLQ.

Il croit aussi que la nouvelle ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, va «gouverner par moratoire». Il en veut pour preuve ses déclarations sur le gaz de schiste. Mme Ouellet veut attendre les études environnementales avant de se prononcer sur l'exploitation pétrolière. C'est aussi la position du PLQ et de la CAQ mais, selon M. Fournier, Mme Ouellet serait «dogmatique» et n'évaluera pas objectivement les possibilités.

Les libéraux forment l'opposition officielle. Ils ont 50 sièges et les péquistes, 54. «On ne restera pas muets devant les atteintes au développement économique», prévient Jean-Marc Fournier.