Le nouveau gouvernement Marois surprendra davantage par ses structures que par les personnes choisies pour former le Conseil des ministres. Pas de grande surprise, donc, dans la liste des députés qui ont défilé mardi après-midi dans un hôtel situé tout près du Parlement. Mais la configuration des ministères sera bien différente de celle qui prévalait depuis 2003.

Selon les informations obtenues par La Presse, le gouvernement Marois ramènera la responsabilité du commerce extérieur, des négociations concernant le commerce avec l'étranger, sous l'égide des Relations internationales (MRI). On veut se rapprocher d'un «ministère des Affaires extérieures et du Commerce international», comme prévu au programme du Parti québécois (PQ) - une idée que pousse depuis longtemps Martine Tremblay, ex-sous-ministre au MRI et responsable du comité de transition formé par Mme Marois il y a plusieurs semaines.

Pour les vétérans du PQ, la manoeuvre aura un air de déjà-vu. Au début des années 80, sous René Lévesque, Bernard Landry avait arraché le commerce extérieur au ministère des Relations internationales de Jacques Yvan Morin, après une bataille politique homérique entre collègues.

D'autres sources indiquent que le ministère de l'Éducation serait aussi transformé: on pourrait scinder de nouveau l'éducation supérieure et le primaire-secondaire, comme c'était le cas jusqu'à l'élection du PQ en 1994. Dans les supputations du comité de transition, on songeait aussi à une sorte de ministère de la Citoyenneté, qui aurait la responsabilité de l'immigration et même de la langue.

En ce qui concerne les nominations, le premier Conseil des ministres de Pauline Marois ne devrait pas comporter trop de surprises, si on se fie à la liste des députés qui ont défilé hier après-midi au Château Laurier - Mme Marois et sa garde rapprochée y «confessaient» ceux qui seront assermentés cet après-midi comme membres du gouvernement.

L'entretien était plutôt expéditif. Les députés retenus pour le Conseil des ministres rencontraient d'abord la patronne et sa chef de cabinet, Nicole Stafford, pour discuter des orientations générales. Ensuite, dans une pièce attenante, ils s'entretenaient avec le secrétaire général Jean St-Gelais et Martine Tremblay, responsable du comité de transition, au sujet des changements plus précis à apporter aux ministères.

Sans surprise

En prévision de ces changements, le rouleau compresseur a démarré hier dans la haute fonction publique, avant la première réunion du Conseil des ministres, qui se tiendra exceptionnellement un jeudi. Ainsi, Christine Tremblay, sous-ministre au Développement économique, a été mise en ballottage, Marc Croteau, aux Relations internationales, carrément éjecté - un sort qui attendait aussi Marc Lacroix (Trésor) et Louise Pagé (Éducation).

En ce qui concerne les ministres, c'est sans surprise que les Bertrand Saint-Arnaud, Véronique Hivon, Alexandre Cloutier, Agnès Maltais, Marie Malavoy, Martine Ouellet, Bernard Drainville, Pascal Bérubé et Jean-François Lisée ont fait partie du défilé de mardi. Leurs points de chute sont plus difficiles à prévoir. On parle notamment de Mme Hivon à la Justice et d'Alexandre Cloutier aux Affaires internationales. Seule élue péquiste à Québec, Agnès Maltais devrait recevoir un ministère important. Jean-François Lisée insistait depuis longtemps pour obtenir la responsabilité de la souveraineté, quitte à demeurer ministre délégué, sans portefeuille, parce que Mme Marois tenait à garder le contrôle sur ces décisions hautement stratégiques. L'idéateur du «nous» dans la réflexion péquiste pouvait aussi se rabattre vers un portefeuille de «citoyenneté».

Stéphane Bédard sera aussi à coup sûr membre du gouvernement - certains le voyaient hier soir à la Sécurité publique pour faire face au tir croisé des policiers de l'opposition, Jacques Duchesneau, Robert Poëti et Guy Ouellet. Comme Mme Marois veut un changement de ton à l'Assemblée nationale et que la nomination d'un Robert Dutil du côté libéral laisse prévoir moins d'agressivité, M. Bédard serait probablement délesté de ses fonctions de leader parlementaire.

Deux députés sont inamovibles: Nicolas Marceau ira aux Finances et le Dr Réjean Hébert à la Santé. Mme Marois fera aussi monter Nicole Léger, qui aura été pour elle un appui indéfectible, même dans des périodes très difficiles.

Incontournable en Abitibi, François Gendron accédera au Conseil des ministres, même si Pauline Marois sait bien qu'il a été très proche de la mutinerie des députés péquistes à la fin de 2011. Son champ d'expertise est les ressources naturelles. Même topo pour Stéphane Bergeron, qui sera admis dans le cénacle, même s'il a, par le passé, été plutôt tiède avec sa chef.

Nouvelles venues

Parmi les nouveaux visages, notons Elena Zakaib, qui vient du Fond de solidarité et qui aura un poste avec un profil économique au Conseil des ministres. Diane de Courcy, ex-présidente de la Commission scolaire de Montréal, sera aussi admise autour de la table du Conseil - probablement affectée au dossier de l'Éducation. Suzanne Proulx, élue dans la nouvelle circonscription de Sainte-Rose, à Laval, fera également partie du Conseil.

En revanche, Noëlla Champagne, en Mauricie, ne sera pas retenue, pas plus que Marie Bouillé, élue dans Iberville, qui avait pourtant l'appui de l'Union des producteurs agricoles pour atterrir à l'Agriculture.