Après son décevant résultat le 4 septembre, la Coalition avenir Québec veut poursuivre sa tournée du Québec pour comprendre comment elle pourrait attirer davantage d'électeurs. «On va continuer de dialoguer avec la population, essayer de comprendre pourquoi certains ne nous ont pas appuyés, mais surtout les écouter», a lancé son chef François Legault lors de son assermentation comme député.

Il a néanmoins rappelé que son jeune parti avait obtenu 1 180 235 votes. «Ce n'est pas rien, surtout dans un contexte où aucun parti politique n'a réussi à obtenir le tiers des votes.» Le Parti québécois et le Parti libéral ont respectivement récolté 1 393 703 et 1 360 968 votes.

Le gouvernement Marois a donc été mis «sous haute surveillance», insiste-t-il. M. Legault promet de «ne pas avoir la langue de bois» et représenter «tous les Québécois», en évitant les attaques personnelles.  «C'est correct d'être dur, mais on n'est pas en guerre. Donc, il ne s'agit pas d'abandonner tout sens critique. Il faut débattre de façon respectueuse et éviter de s'opposer de façon systématique, de façon automatique. Quand ça sera bon, on le dira puis on appuiera».

Mme Marois a déjà indiqué qu'elle annulera la hausse des droits de scolarité et qu'elle abrogera la loi 12 (projet de loi 78). Ces décisions se feraient par décret du conseil des ministres, ce qui ne nécessite pas l'appui de l'opposition. «On va vivre avec», a dit le leader parlementaire de la CAQ, Gérard Deltell. «Mais je crois que (Mme Marois) est consciente qu'elle ne pourra pas user trop souvent du pouvoir de décret parce que les Québécois n'aimeraient pas cela», a-t-il avancé.

Il s'est toutefois dit «agréablement satisfait» de l'ouverture démontrée selon lui lundi par Mme Marois.

À la recherche d'un projet

Comme Lucien Bouchard, M. Legault a dit chercher «un grand projet rassembleur pour tous les Québécois». «Je crois que ce projet doit être autour de l'économie et de l'éducation», a-t-il affirmé.

Le chef de la CAQ s'est inquiété des «nuages noirs» qui menacent l'économie. «On voit ce qui se passe en Europe. On voit aussi les grandes banques qui révisent à labaisse les prévisions de croissance économique, en particulier pour le Québec.»

Il espère que la CAQ deviendra aux yeux des électeurs «le parti de l'économie».

Duchesneau ne torpillera pas la commission Charbonneau

Fraîchement assermenté comme député de Saint-Jérôme, Jacques Duchesneau a fait savoir qu'il n'a pas l'intention de profiter de l'immunité parlementaire pour déballer son sac au Salon bleu. «Je ne torpillerai pas la commission Charbonneau», a-t-il lancé mardi. «La Chambre ne sera pas une deuxième Commission.»

L'ex-patron de l'Unité anticollusion se dit convaincu que l'enquête publique prouvera ses dires. «Vous allez voir: les noms vont sortir à la commission Charbonneau. J'en suis sûr.»

En campagne électorale, Jacques Duchesneau a dit détenir des renseignements sur des cas de corruption au Parti libéral, mais il a toujours refusé de nommer qui que ce soit. Il a aussi dit que des ministres libéraux étaient déjà allés sur le bateau de Tony Accurso, qui est accusé de fraude, de complot et d'abus de confiance. Jean Charest a réfuté ces allégations.

Devant la commission Charbonneau, Jacques Duchesneau a déclaré que 70% du financement des partis politiques provient d'«argent sale». Quand on lui a demandé si la commission Charbonneau en ferait la preuve, il a répondu: «Regardez mon sourire!» Il était fendu jusqu'aux oreilles. «Si les gens qui m'ont dit des choses viennent témoigner et disent ce qu'ils m'ont dit, on verra, a-t-il affirmé. Il faut que les gens qui ont des d'informations fassent un pas en avant et viennent aider à enrayer ce système.»

«Si vous saviez, pendant la campagne, combien de personnes sont venues me voir pour me dire: "Ce que vous avez dit, c'est encore pire"», a-t-il ajouté. Il a reçu «des centaines de courriels» de personnes qui «veulent donner d'autresinformations». «Ces informations seront transmises à la Commission», a-t-ilnoté.

Il n'a pas l'intention d'utiliser les renseignements qu'il détient pour poser des questions au gouvernement Marois en Chambre. «Ce que j'ai dit à la commission Charbonneau, c'est un résumé de ce que des témoins vont venir dire. Laissons les vrais témoins venir dire les vraies choses», a-t-il expliqué. Il a une «totale confiance» en la commission Charbonneau.

M. Duchesneau a indiqué qu'il n'a aucune information permettant d'expliquer pourquoi l'UPAC a mené des perquisitions au CUSM mardi.

Photo: Le Soleil

Jacques Duchesneau