L'ancien député libéral puis indépendant, Yves Michaud, considère que le caucus péquiste s'est enrichi de nouvelles personnalités talentueuses et pourrait former un bon gouvernement.

M. Michaud, qui fut également directeur du quotidien indépendantiste «Le Jour» au milieu des années 1970, se réjouit de voir pour la première fois dans l'histoire du Québec, une femme à la tête de la province, qui «n'est pas sotte d'ailleurs», sans toutefois être un «génie». M. Michaud estime que l'arrivée de Pauline Marois au poste de première ministre changera la donne de l'affrontement politique, qui est devenu, dans les dernières années, «un jeu de gamin» dans lequel des «insultes sans contenu» sont lancées de part et d'autre.

M. Michaud va déjà à contre-courant et prédit au gouvernement minoritaire de Pauline Marois une longévité «beaucoup plus longue que ce à quoi on s'attend». Les troupes caquistes n'ont aucun intérêt à retourner en élections, puisqu'elles risquent de «disparaître de la carte», selon lui.

Il envisage même de meilleurs accommodements entre le reste du Canada et le nouveau gouvernement souverainiste.

Malgré ses bons mots à l'égard du PQ, l'ex-député déplore le «monopole de la souveraineté» défendu par le parti.

«Chez les indépendantistes, il peut y avoir des indépendantistes de gauche, des indépendantistes de droite et de centre», lance M. Michaud, qui appelle le PQ à sortir de ce «bipartisme à l'anglaise» et à bâtir de nouveaux modèles de société.

Il invite toutes les souverainistes à batailler sous le même étendard, plutôt que de se disperser lors d'une campagne électorale. «Appelez ça la Coalition des forces souverainistes, ou le front souverainiste, ça n'a pas d'importance», ajoute celui qui fut délégué général du Québec en France.

Selon lui, le carcan de la pensée monolithique est révolu et plusieurs formes de souverainisme doivent coexister : «il y a plusieurs familles dans la maison du Père», blague-t-il.

M. Michaud, lui-même ancien député de Gouin, salue l'entrée à l'Assemblée nationale de la nouvelle député de la circonscription, Françoise David. Sa «présence (sera) enrichissante pour le débat».

Au cours de la dernière campagne électorale, M. Michaud avait demandé aux votants de ne pas  élire nommément une douzaine de candidats qui ne se sont pas encore excusés pour avoir voté une motion de blâme à l'endroit de M. Michaud en 2000.

L'ancien député avait été alors blâmé unanimement par l'Assemblée nationale pour des propos jugés «inacceptables» à l'égard de la communauté juive, un geste que M. Michaud dénonce toujours avec véhémence. IL s'est toujours défendu contre l'épithète d'antisémite que certains ont lancé à son endroit.

Mais la campagne personnelle de M. Michaud n'a pas influencé les électeurs. Tous les candidats visés, dont les péquistes Nicole Léger et Stéphane Bédard ainsi que le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, ont tous été réélus. Tous sauf un: le chef du Parti libéral, Jean Charest.

Depuis ce temps, plusieurs députés, tous péquistes, ont présenté des excuses pour avoir condamné M. Michaud.

«Il ne se passe une seule journée sans que je ne pense à ça. Maintenant, j'ai assez de résilience pour pouvoir mener ma vie», avoue humblement Yves Michaud.