Une série de poids lourds du gouvernement Charest, les Pierre Moreau, Yves Bolduc, Raymond Bachand et même Sam Hamad, n'écartent pas l'idée de se porter candidats à la succession de Jean Charest.

Les députés libéraux se sont réunis pour la dernière fois ce matin en présence de leur chef, Jean Charest, qui a annoncé hier sa démission.

«C'était une grosse décision à prendre hier, mais je suis très heureux ce matin», s'est contenté de dire M. Charest, manifestement dégagé, à son arrivée à la réunion.

Le seul à se désister ouvertement, le ministre de la Justice Jean-Marc Fournier n'écarte pas l'idée de devenir chef par intérim, le temps que le PLQ choisisse son nouveau chef.

À son arrivée au dernier caucus présidé par Jean Charest, M. Fournier a rappelé qu'il avait clairement indiqué il y a quelques mois déjà qu'il n'était pas intéressé.

«Je ne solliciterai pas cette fonction. Pour ce qui est du travail parlementaire, je vais assumer les responsabilités dans les postes qu'on va m'attribuer», a-t-il dit.

En se désistant de la succession, Jean-Marc Fournier prend une sérieuse option pour l'intérim: le parti devra choisir un chef pour assumer la direction de l'opposition officielle en Chambre pendant la course à la direction. Ce matin, il a insisté: le PLQ doit éviter de négliger le travail parlementaire durant la course, une erreur qu'a commise le NPD à Ottawa.

À son avis, il faut penser à une campagne de quelques mois, plutôt à moyen et long terme qu'à court terme. Une course trop brève ne donnerait pas au Parti libéral la chance de se régénérer. Or, ces courses doivent permettre l'arrivée de nouveaux éléments.

Pierre Moreau s'est défilé devant le barrage de questions: «C'est la journée de M. Charest», a-t-il lancé. Il a ironisé quand on lui a rappelé qu'il avait dit en juin qu'il ne songeait pas à la direction «pour l'instant». «Aujourd'hui, je n'ai vraiment pas la tête à ça», a-t-il laissé tomber.

Raymond Bachand, autre successeur potentiel, est resté bien vague hier sur ses intentions. Il a été piqué quand un reporter lui a rappelé son âge (64 ans), un facteur qui pèse lourd dans le choix d'un successeur. «Mon père a été en forme jusqu'à 92 ans», a-t-il répliqué. Selon lui, les libéraux devront se trouver un nouveau chef à temps pour le prochain budget québécois, au printemps.

«M. Fournier a eu le temps de réfléchir; je suis encore dans l'hommage à Jean Charest, a dit M. Bachand. Je vais au moins avoir une réflexion avant d'avoir une réponse... je vais parler à ma femme.» Le PLQ «a besoin de renouveau, un parti politique a toujours besoin de regarder l'avenir», a ajouté le ministre des Finances.

Pierre Paradis ne s'était pas présenté au caucus de son parti depuis plus d'un an. Il était là, ce matin, et a aussi laissé planer le doute sur ses intentions. Il avait été de la course qui, en 1983, avait choisi Robert Bourassa; il avait même devancé Daniel Johnson. Il s'est refusé à parler de la direction du parti: «Il n'y a même pas 24 heures que M. Charest a annoncé son départ», a-t-il dit. Il a toutefois répondu «je n'inclus et n'exclus rien» quand on lui a demandé s'il pensait se porter candidat.

«Il faut prendre le temps de faire les choses correctement, c'est une occasion qui s'offre à nous de ré-impliquer la base militante du parti», a-t-il ajouté.

Quant à Sam Hamad, il a déclaré: «On n'aura jamais un leader qui ressemble à M. Charest, c'est un grand homme qui a fait beaucoup pour le Québec.» Il a refusé de spéculer sur ses intentions: «Aujourd'hui est une journée d'émotions.»

De l'avis du vétéran Yvon Vallières, qui ne s'est pas représenté aux élections, le PLQ «doit brasser des idées». «J'ai connu plusieurs chefs; la base militante doit réfléchir avec nous pour que ce grand parti permette aux citoyens de s'identifier», a dit celui qui a vu arriver les Claude Ryan, Robert Bourassa, Daniel Johnson et Jean Charest.

«Le parti libéral devra se reconstruire», a de son côté affirmé un autre vétéran, Henri-François Gautrin, réélu dans Verdun.