Moins de dépenses électorales, moins de «tentations», moins de corruption, croit Québec solidaire, qui suggère de réduire de moitié les dépenses électorales permises aux partis politiques.

Lors de la campagne électorale de 2008, les dépenses électorales étaient plafonnées à 11 millions de dollars par parti. «Si les partis dépensaient moins, il y aurait moins de tentations», dit Françoise David, candidate dans Gouin, à Montréal.

Québec solidaire a demandé ce matin aux autres partis de signer une déclaration visant à réformer le financement des partis politiques. L'objectif est de réduire les dépenses électorales. La déclaration signée par Québec solidaire ne comporte aucun objectif de réduction de dépenses, mais Amir Khadir a suggéré de les réduire de moitié en conférence de presse ce matin devant les locaux du Parti libéral du Québec, qui a dépensé 8,5 millions de dollars lors de la dernière campagne électorale en 2008.  

«Si l'État faisait connaître le programme des partis avec des annonces à la télé en heure de grande écoute et en distribuant le programme de chacun des partis à tous les foyers, si l'État limitait l'affichage et réduisait de moitié les dépenses électorales, la campagne serait plus intéressante, dit Amir Khadir, député de Mercier. Il y aurait plus de place au programme des partis.»

Les autres propositions de Québec solidaire: réduire le plafond des dons politiques des individus, hausser la contribution de l'État au financement des partis, obtenir plus d'informations sur les donateurs (notamment le nom de leur employeur), donner plus de ressources au Directeur général des élections et établir les sanctions plus sévères pour ceux qui violent la loi électorale.

Québec solidaire se rendra aujourd'hui dans les locaux des trois principaux partis - le PLQ, le PQ et la CAQ - dans l'espoir de les voir signer leur déclaration. Québec solidaire doute toutefois de la volonté du PLQ, son premier arrêt de la journée, d'assainir le financement des partis. «Personne n'est assez dupe pour penser que le PLQ est sincère, dit Amir Khadir. [...] Le PLQ est financé par la mafia. Quand je me mets à la place de Mme (Line) Beauchamp, qui doit rencontrer des gens de la mafia pour son financement, quand une ministre est obligée de déjeuner avec l'un des cinq dirigeants les plus importants de la mafia montréalaise, ça démontre quelque chose de grave. Les ministres sont poussés à s'abaisser à ce niveau.» «La preuve est faite, dit Françoise David. La commission Charbonneau, ce n'est pas pour rien.»

Le PLQ dénonce «l'hypocrisie» de Québec solidaire

La réplique du Parti libéral du Québec ne s'est pas fait attendre. Sorti pour recevoir la lettre de Québec solidaire, le directeur des communications du PLQ, Michel Rochette, avait lui-même une lettre dans laquelle le PLQ dénonce «l'hypocrisie» de Québec solidaire en matière de financement des partis politiques. Selon le PLQ, Québec solidaire se finance «par un mode qui ressemble davantage à une chaîne de Ponzi qu'au financement populaire qui caractérise le financement du PLQ avec ses 16 000 donateurs en 2011», écrit le directeur général du PLQ, Karl Blackburn, dans cette lettre adressée aux deux chefs de Québec solidaire. Une accusation «désespérée» selon Amir Khadir.

Au lieu de se financer auprès d'institutions financières, Québec solidaire a demandé des prêts à des citoyens. «Ce sont tous des militants, dit Amir Khadir. Voilà comment doit se faire un financement honnête: grâce à l'apport des militants. Le PLQ se finance avec des avocats, des firmes de construction et la mafia. Nous, ce sont des militants.»

Les deux chefs de QS, Françoise David et Amir Khadir, ont fait chacun un prêt à leur parti. «Mon prêt en 2007 a été remboursé en totalité en février dernier. Il fallait que Québec solidaire ait l'argent pour me rembourser», dit Françoise David. Québec solidaire doit toujours 10 000 $ à Amir Khadir. Alors que le PLQ parle de «taux avantageux à des amis de la direction», Québec solidaire explique que c'est le Directeur général des élections qui fixe le taux d'emprunt des partis politiques.