Les fédérations étudiantes plaident une nouvelle fois pour l'aménagement de bureaux de vote dans les cégeps et les universités en prévision du prochain scrutin. Elles ont d'ailleurs écrit à ce sujet, jeudi, au Directeur général des élections et aux partis politiques.

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale (FECQ) pensent que l'aménagement de bureaux de vote dans les cégeps et les universités, destinés aux étudiants qui se trouvent temporairement loin de la résidence familiale, est une excellente façon de favoriser le vote des jeunes.

Traditionnellement, les jeunes exercent leur droit de vote dans une proportion moindre que les autres catégories d'électeurs.

En entrevue, la présidente de la FECQ, Éliane Laberge, a souligné que lors du scrutin de 2008, «moins de la moitié des jeunes de 18 à 24 ans» avaient exercé leur droit de vote. Au sein de la population en général, le taux de participation n'avait été que de 57,3 pour cent.

La FEUQ et la FECQ font valoir que les autorités adoptent déjà de telles mesures pour favoriser le vote des aînés, en aménageant des bureaux de vote dans les résidences pour personnes âgées, par exemple.

Auparavant, un électeur qui quittait temporairement son domicile pour étudier dans une autre circonscription pouvait être considéré comme domicilié «soit dans la section de vote où se trouve son domicile soit dans celle où il réside aux fins de son travail ou de ses études», selon la loi électorale.

Or, «la notion de domicile temporaire n'existe plus», a précisé en entrevue Denis Dion, porte-parole du Directeur général des élections.

Désormais, un électeur qui est temporairement absent de sa circonscription pour des fins d'études ou de travail votera pour un candidat de la circonscription de son domicile d'origine à partir de la circonscription où il réside temporairement, explique M. Dion. «Le principe, c'est que le vote reste à la maison», résume-t-il.

Le nouveau principe du «vote hors circonscription» veut que l'électeur qui se trouve temporairement loin de son domicile et qui veut exercer son droit de vote devra se présenter au bureau du directeur du scrutin de la circonscription où il réside temporairement - et non au cégep ou à l'université - et le faire lors d'une des cinq journées prévues.

La FECQ et la FEUQ trouvent cela inutilement compliqué et mal adapté à la réalité des étudiants. Mais M. Dion, lui, assure que «ce n'est pas plus compliqué».

En vertu des nouvelles dispositions, «maintenant, ce serait illégal qu'un étudiant change d'adresse simplement pour aller voter dans sa circonscription. Un étudiant qui viendrait de Matane, irait étudier à Sherbrooke, ne pourrait pas faire son changement d'adresse en changeant son adresse seulement pour voter dans sa nouvelle circonscription qu'est Sherbrooke, parce que ce ne serait pas considéré comme son domicile», déplore Mme Laberge.

Le site du DGE explique qu'en vertu du Code civil, pour changer de domicile, une personne doit avoir l'intention de faire de ce nouvel endroit sa principale demeure, celle qui sert de référence pour ses droits civils.

La FECQ et la FEUQ se demandent si cette mesure de «vote hors circonscription» n'a pas été adoptée «pour empêcher les étudiants de voter dans des «circonscriptions étudiantes» comme Sherbrooke (celle du premier ministre Jean Charest) de peur de ne pas être réélu aux prochaines élections».

«On en vient à se poser la question: «est-ce que c'est une façon, non pas d'empêcher, mais de venir tellement compliquer la démarche pour un étudiant d'aller voter qu'il n'ira pas voter»', s'interroge Mme Laberge.

Le Parti libéral s'est déjà opposé à l'aménagement de bureaux de vote dans les universités et cégeps, ce qui fait que la mesure n'a pu être implantée, puisqu'il n'y a pas eu entente au sein du comité consultatif auquel siégeaient les partis politiques.

Mme Laberge affirme que le Directeur général des élections aurait néanmoins le pouvoir de décider où les bureaux de vote hors circonscription seront aménagés.

«C'est faux», répond catégoriquement M. Dion. Le Directeur général des élections n'a pas ce pouvoir, puisque la loi n'a pas été changée. «La loi ne nous permet pas de faire ça», assure le porte-parole du DGE.