Pierre Duchesne a commencé sa carrière politique dans le controverse: hier, des militants péquistes ont contesté son parachutage dans Borduas, alors que les libéraux l'accusent de fautes déontologiques.

L'ancien journaliste a défendu bec et ongle son intégrité, jurant ne jamais avoir discuté de son passage en politique avec quelque responsable péquiste que ce soit avant la fin de son lien d'emploi avec Radio-Canada. Les discussions, conduites avec la chef de cabinet de Pauline Marois, n'ont été entamées qu'il n'y a que «10 ou 12 jours», a-t-il affirmé.

«J'ai réfléchi et j'ai décidé d'y aller», a-t-il relaté. «À aucun moment je n'ai engagé de discussions avec un parti politique sur des questions de candidature. Quand on est dans un bureau politique à Québec, je crois que c'est la dernière chose à faire.»

Selon les informations de La Presse, la circonscription de Borduas est pourtant réservée à un «journaliste de Radio-Canada» depuis plusieurs semaines.

Invité à commenter les affirmations de Pauline Marois, selon lesquelles il avait été ciblé à cause de sa biographie de Jacques Parizeau, il a reconnu qu'il ne pouvait donner d'explication.

«Moi je ne sais pas si ça a été réservé pendant trois mois», a affirmé M. Duchesne. «Je sais cependant que tous les partis politiques réservent des comtés sûrs pour candidatures de prestige.»

Ce possible chevauchement entre les deux carrières de Pierre Duchesne a amené le Parti libéral du Québec à déposer une plainte devant le Conseil de presse.

Contestation interne

Mais ceux qui contestent la venue de Pierre Duchesne dans Borduas ne se trouvent pas seulement du côté de ses opposants politiques naturels.

Yves Lessard, ancien député bloquiste de la même région, considère sérieusement la possibilité de se présenter lui aussi à l'investiture dans la circonscription, faisant capoter un éventuel couronnement de l'ex-analyste.

«On ne parachute pas des gens dans un comté. Surtout dans une démarche souverainiste, on a la prétention de vouloir assumer notre propre destinée, je crois que c'est la même chose au niveau des circonscriptions», a fait valoir le politicien, battu le 2 mai 2011 dans la circonscription de Chambly-Borduas.

Il refuse toutefois de critiquer M. Duchesne, louangeant sa carrière et admettant qu'il s'agit d'une «candidature de prestige».

Justement, a avancé M. Lessard. Le nouveau militant devrait se présenter dans une région où «il ferait la différence» plutôt que de se contenter d'une circonscription sûre comme Borduas.

De l'analyse aux attaques

M. Duchesne n'a pas perdu de temps pour sauter dans la fosse aux lions politique, profitant de sa première sortie publique comme politicien pour attaquer de front le gouvernement Charest sur le plan de l'éthique. «Qui me fait des leçons d'éthique ici?», s'est-il interrogé à haute voix, en parlant de la plainte déposée devant le Conseil de presse.

«Monsieur Jean Charest a dit qu'il fallait être à visage découvert. Moi, je n'ai jamais eu de salaire caché pendant 10 ans», a-t-il attaqué. «Moi je n'ai pas eu de rencontres avec des collecteurs de fonds qui ont été arrêtés par la police par la suite.»

Par ailleurs, Pierre Duchesne a expliqué qu'il avait toujours eu la foi souverainiste.

«J'ai une passion emmaillée au coeur qui est celle du Québec», a-t-il déclaré hier matin, dans sa circonscription. «Ce qu'il faut pour le Québec c'est un pays.»