La nouvelle publicité des libéraux sur Pauline Marois est un affront à tous ceux qui ont manifesté leur mécontentement ces derniers mois, a soutenu mardi le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent.

En point de presse à Québec à l'occasion du 40e congrès de la centrale, M. Parent a dénoncé la capsule publicitaire du Parti libéral (PLQ) qui montre la chef du Parti québécois tenter bien maladroitement de frapper à l'unisson deux couvercles de casserole.

Le leader syndical ne voit rien de drôle dans cette publicité qui recycle une vidéo de la chef péquiste participant à un «concert» de casseroles dans la circonscription d'Argenteuil, le 2 juin, dans le cadre de l'élection complémentaire.

«C'est peu respectueux, c'est arrogant, méprisant. J'espère qu'ils vont trouver une image de moi avec une casserole (...) Il ne s'agit pas d'aimer ou non Mme Marois, elle est qui elle est. Mais moi, je pense à tous ceux qui ont frappé des casseroles, ce sont ces gens-là qui sont méprisés», a-t-il lancé.

En voulant ridiculiser Pauline Marois, les libéraux dénigrent dans les faits tous les citoyens qui ont pris la rue depuis le printemps dernier pour manifester leur ras-le-bol des «politiques néolibérales» du gouvernement de Jean Charest, a fait valoir M. Parent.

Selon lui, la publicité illustre à quel point les stratèges libéraux prennent pour des imbéciles les Québécois qui ont marché et manifesté sans relâche dans la foulée de la crise étudiante.

«Les milliers et milliers de citoyens qui ont tapé de la casserole ne sont pas tous des cons, fort probablement que pour la plupart, ce sont des gens très intelligents qui ont essayé de faire ressentir leur exaspération. Les casseroles, c'est un mouvement qui a traversé la planète depuis 40 ans, on n'a pas inventé ça au Québec», a-t-il dit.

Cette publicité «puérile» est clairement, à son avis, une manoeuvre désespérée de Jean Charest pour garder le pouvoir en s'affichant en champion de la loi et l'ordre.

«C'est quelqu'un de désespéré qui veut à tout prix s'accrocher au pouvoir et qui est prêt à n'importe quoi (...) C'est le genre de publicité qui devrait lui remonter dans la face. J'espère que les Québécois vont avoir cette réaction et dire que c'est un monsieur très méprisant», a-t-il déclaré.

Après trois mandats passés à la tête de la CSQ - il a été élu en 2003, l'année même de l'accession au pouvoir du gouvernement libéral - l'heure est au bilan pour Réjean Parent qui tirera sa révérence vendredi au terme du congrès de la centrale.

Au fil des ans, le Québec a glissé, selon lui, dans le capitalisme débridé avec un premier ministre au service «des compagnies».

Plutôt que d'aller chercher l'argent «là où il se trouve», c'est-à-dire dans les goussets des grandes corporations, le gouvernement a choisi d'affliger les travailleurs et de négliger les services publics, a déploré M. Parent.

Ainsi, le conflit sur la hausse des droits de scolarité qui a éclaté ce printemps a été la bougie d'allumage d'un mouvement de mécontentement beaucoup plus large contre les politiques «inéquitables» du gouvernement libéral, a-t-il analysé.

Le président-sortant de la CSQ a plaidé en faveur d'un nouveau «dialogue social» permanent au Québec entre le monde syndical, les acteurs sociaux, les entreprises et les élus. Cette façon de faire, pratiquée en Europe, permettrait à la démocratie de l'exercer «à l'année longue» plutôt qu'une fois au quatre ans. Mais pour cela, il faudra du changement lors du prochain scrutin.

«Il faut voter pour un changement de modèle. Il faut avoir un gouvernement qui sera le gouvernement de tous les Québécois. Est-ce que c'est le Parti québécois, un autre parti ou un gouvernement de coalition? Moi je pense que le Parti libéral s'est discrédité. Ça me surprendrait qu'il trouve beaucoup d'amis parmi les membres chez nous», a-t-il dit.

À ses yeux, les libéraux au pouvoir ont achevé de détruire leur crédibilité au début du mois de mai lorsqu'ils ont «torpillé», par des propos équivoques, l'entente conclue avec les représentants étudiants au terme d'une longue séance de négociations à laquelle avaient participé les leaders syndicaux.

«J'ai le sentiment d'avoir été abusé par un premier ministre qui nous a demandé de l'aider et qui nous a floués le lendemain au sortir de son conseil général en tirant lui-même dans la chaloupe pour la faire couler», a affirmé M. Parent, qui dit ressentir de cet épisode «une frustration profonde».