De tous les députés qui avaient du poids quand Jean Charest était dans l'opposition, il n'en reste plus qu'un: Jean-Marc Fournier. Beauchamp, Normandeau, Béchard, Mulcair et Jérôme-Forget ne sont plus là. Pierre Paradis croupit depuis 10 ans sur les banquettes arrière.

À l'Assemblée nationale, son rôle de leader parlementaire donne à Jean-Marc Fournier une visibilité importante. Il ne la recherche pas, toutefois: il a refusé d'accorder une entrevue pour ce portrait des piliers du gouvernement Charest. Son arrivée à la barre des travaux parlementaires pour le gouvernement est clairement en rupture de tradition. Ses prédécesseurs, Jacques Dupuis ou même Pierre Paradis, ont toujours maintenu des lignes de communication privilégiées avec leurs vis-à-vis Diane Lemieux ou Guy Chevrette.

Car entre Fournier et le leader péquiste Stéphane Bédard, le courant ne passe absolument pas. Avec comme conséquence que, souvent, des projets de loi restent sur le carreau parce que ceux qui sont responsables de gérer la circulation au Parlement ne peuvent pas se supporter.

Il faut dire qu'à l'Assemblée nationale, depuis 1994, Jean-Marc Fournier ne fait pas dans la dentelle. Imperturbable, dès que les critiques fusent du côté de l'opposition, quel que soit le sujet, il riposte en répétant jusqu'à plus soif quelques répliques, aussi prévisibles que partisanes. Cette attitude fait aussi qu'il est le ministre le moins apprécié des journalistes - les questions reçoivent invariablement la même réponse calculée.

Mais il n'a jamais rechigné devant les tâches ingrates. À son retour à Québec en 2010, il deviendra le ministre désigné pour tirer sur tout ce qui bouge; Claude Béchard avait eu ce rôle avant lui. Mais il passera rapidement le relais - Pierre Moreau, puis plus récemment Alain Paquet ont joué après lui ce rôle de «plombier» politique.

C'est à lui, en 2003, qu'un Jean Charest fraîchement élu avait confié la mission délicate des défusions municipales. Il quittera la politique, temporairement, en 2008. Passé chez Lavalin, Fournier lorgnait depuis un moment le fédéral - il sera brièvement conseiller de Michael Ignatieff. À l'été 2010, le départ de Jacques Dupuis lui donne l'occasion de revenir dans une forteresse libérale, Saint-Laurent.