Monopolisée par la crise étudiante et la division qu'elle a suscitée, la session parlementaire qui se termine aura été «une des pires que le Québec ait connue», a soutenu en point de presse cet après-midi la chef de l'opposition officielle Pauline Marois, qui a dit souhaiter que Jean Charest déclenche des élections le plus rapidement possible.

«Il ne reste plus qu'une solution pour mettre fin à cette crise qui a déjà trop divisé les Québécois, seules des élections générales permettront de retrouver la paix sociale et le plus vite sera le mieux», a soutenu Mme Marois qui, avec l'ensemble de ses députés, a fait le bilan de la session parlementaire qui s'est terminé ce matin.

Cette semaine, la fuite d'un extrait de la stratégie électorale des libéraux révélait que Jean Charest voudrait faire campagne sur le clivage entre «la rue», les manifestations étudiantes et la «stabilité» qu'offre son gouvernement. Pour Mme Marois, durant la prochaine campagne électorale, «M. Charest cherchera à berner la population» et sa stratégie indigne d'un chef de gouvernement ne fonctionnera pas, prédit-elle.

M. Charest devra défendre son «piètre bilan» auprès des électeurs, un bilan où ses adversaires «trouveront à boire et à manger». La question des droits de scolarité «sera un enjeu majeur de la prochaine campagne, mais pas suffisant pour faire oublier le bilan libéral. On va se charger de rappeler les mauvaises décisions du gouvernement et il y en a beaucoup» a-t-elle dit.

Selon le Parti québécois, le gouvernement a perdu le contrôle de la crise qu'il a lui-même, volontairement, laissé grossir. Le premier ministre Charest «n'a plus la crédibilité pour y mettre fin», selon Mme Marois. Or, la pagaille risque de réapparaître de plus belle en août, prédit-elle.

Pour Mme Marois, «M. Charest nourrit un climat de tension, ce qu'il a fait a divisé les Québécois. Ce qui est inacceptable, c'est qu'il ait laissé se dégrader la situation», a-t-elle martelé. Il a fallu deux mois de conflit étudiant pour que le premier ministre «daigne s'asseoir 30 minutes avec les étudiants». «Jamais un gouvernement du Parti québécois n'aurait laissé les jeunes dans la rue plus de deux semaines», a-t-elle insisté pendant le point de presse.

La loi spéciale pour encadrer les manifestations, la loi 78, était une mauvaise idée, elle est si mal conçue qu'elle n'est pas applicable, a relevé le leader parlementaire Stéphane Bédard. Le PQ a bloqué l'adoption du projet de loi sur la Société du Plan nord, parce qu'il souhaitait davantage de transparence, a-t-il plaidé.

Aussi, l'opposition veut qu'on inscrive explicitement que les ressources naturelles devraient être transformées au Québec, comme c'est déjà le cas à Terre-Neuve.

Le seul moment de grâce durant la session, aux yeux du PQ, est le rapport de la commission Mourir dans la dignité, une initiative lancée il y a deux ans par la députée péquiste Véronique Hivon.

Le PQ proposera trois thèmes aux prochaines élections: «s'affirmer, s'enrichir, s'entraider». On proposera un renforcement de la loi 101, des mesures «audacieuses» quant au développement des ressources naturelles et des propositions en faveur des aînés, a annoncé Mme Marois. Le PQ veut aussi abolir la taxe santé, 200 $ par salariés et proposerait le gel des droits de scolarité.

«On a une position claire sur les frais de scolarité, en dépit de ce que les gens disent. On a établi en avril le gel et l'indexation comme seule augmentation, le temps que le Québec n'ait pas atteint un taux de diplomation comparable à ceux qui nous entourent».

En somme, le PQ proposera de «changer de gouvernement, de direction et de pays». C'est ainsi que la chef du PQ, Pauline Marois, a conclu cette session parlementaire.