Si la CAQ termine troisième aux prochaines élections, son chef François Legault assure qu'il restera en poste. «Je vais rester là, peu importe ce qui va arriver», a-t-il assuré ce matin.

Lors du bilan de la première session parlementaire de son existence, la CAQ essaie de voir le verre à moitié plein.

Après avoir dominé dans les sondages lors de sa fondation en novembre dernier, le parti a chuté. Il est troisième dans les sondages, et n'a pas pu récolter plus que 21% des votes dans Argenteuil et 15% dans LaFontaine.

«Je connais beaucoup des partis qui auraient aimé avoir 21% après sept mois», s'est consolé M. Legault. Un tel niveau d'appui place pourtant le parti au seuil de la marginalisation en raison de notre mode de scrutin. Avec 16,37% des votes aux dernières élections, l'ADQ avait seulement fait élire sept députés.

Comment expliquer la chute? M. Legault pense que son parti a profité à sa naissance «d'un vide politique». Après la crise au PQ en juin 2011, «beaucoup de gens avaient désert » ce parti pour venir à la CAQ. Ils semblent avoir quitté la CAQ rapidement.

En plus de la remontée du PQ, la CAQ identifie deux autres facteurs qui lui ont nui. Elle n'a pas obtenu le statut de parti reconnu à l'Assemblée nationale. Et le conflit étudiant a causé une éclipse médiatique et une polarisation qui l'auraient empêché de promouvoir ses idées.  «Il n'y avait pas de place pour la nuance», soutient-il. Les Québécois se seraient rangés en deux camps : pour le gouvernement ou pour le carré rouge.

Il croit avoir défendu une position «nuancée». La CAQ était en faveur de la hausse initiale du gouvernement Charest, de 1625$ sur cinq ans. Mais elle rappelle avoir été la première à proposer de diminuer le crédit d'impôt et d'augmenter en contrepartie les prêts et bourses. Sa solution permettait à 60% des étudiants - ceux qui viennent de foyers gagnant 65 000$ et moins par année - de recevoir une bourse qui compensait en totalité la hausse des frais.

«Il n'y a personne qui va me faire de leçon sur l'égalité des chances et l'importance de l'éducation», a lancé M. Legault. Son parti veut affecter les nouveaux investissements en éducation à la lutte contre le décrochage.

La CAQ a promis qu'elle rendra publique «la semaine prochaine» la liste complète de ses donateurs, qui est attendue depuis plusieurs semaines.

Oublié par les libéraux

Le premier ministre Charest prévoit concentrer toutes ses attaques contre le PQ aux prochaines élections.

M. Legault veut confronter les libéraux sur le terrain de l'économie.  «Aucun des vieux partis n'a réussi à proposer des solutions pour réduire la dette qu'on laisse aux jeunes», soutient-il. La CAQ veut se situer en marge de la gauche et la droite. Elle se réclame du gros bon sens. Et c'est sur cette boussole qu'elle dit orienter sa politique sur la dette.

«La dette n'est pas une question de gauche et de droite. C'est une question d'équité entre les générations. C'est mathématique», croit-il. «Les baby-boomers sont en train de se payer la traite avec la carte de crédit des jeunes», ajoute-t-il.

Les jeunes ne choisissent pas les bons combats selon lui. «Il faudrait réduire la dette de dizaines de milliards de dollars, et là, les jeunes sont dans la rue pour (une hausse des frais de scolarité de plus de 200 millions de dollars)», note-t-il.

Il accuse aussi le gouvernement Charest de se contenter de la création d'emplois peu rémunérés. «On n'arrive pas à créer des jobs payantes», se plaint-il.

À l'élection du premier gouvernement Charest en 2003, le revenu par citoyen au Québec était le quatrième plus élevé au pays. Il est maintenant le neuvième, devant seulement l'Ile-du-Prince-Édouard, note-t-il.