La FTQ-Construction a déposé une plainte devant le Bureau international du travail contre la loi qui abolit le placement syndical.

La plus importante organisation syndicale de la construction allègue que cette loi viole des conventions internationales, à savoir la Convention sur la liberté syndicale et la Déclaration de l'Organisation internationale du travail relative aux principes et droits fondamentaux.

Dans sa plainte, dont La Presse Canadienne a obtenu copie, la FTQ-Construction invite le Bureau international du travail à demander au gouvernement du Québec d'abroger les articles controversés de la nouvelle loi qui abolit, notamment, la référence de main-d'oeuvre par les syndicats sur les chantiers.

«On veut qu'il ait un blâme là-dessus. Et on va demander qu'il annule cette loi-là», a dit en entrevue le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet.

«Ça n'a pas de bon sens. On ne peut pas laisser passer ça. Ce serait comme ouvrir une porte énorme. C'est juste la pointe de l'iceberg. On commence par ça et ça va être quoi le prochain coup?»

La FTQ-Construction critique plusieurs aspects de la loi, en premier lieu l'abolition du placement syndical. «Dans les autres provinces et partout en Amérique du Nord, le placement est fait par les syndicats. Dans les autres provinces, ça s'appelle des «hiring halls'. Sur les gros chantiers, comme Hydro-Ontario, Hydro-Manitoba, ce sont les syndicats qui réfèrent de la main-d'oeuvre aux chantiers», a rapporté M. Ouellet.

La FTQ-Construction, qui représente 44 pour cent des ouvriers, s'en prend aussi à la nouvelle règle qui veut qu'une convention collective négociée ne pourra plus être ratifiée par une majorité de 50 pour cent plus une voix. Il faudra, en plus, qu'au moins trois des cinq organisations syndicales de la construction la ratifient, même si les deux plus importantes organisations regroupent ensemble 70 pour cent des ouvriers.

«Malgré le fait que 70 pour cent des membres seraient d'accord, ça peut être refusé parce qu'il n'y a pas un troisième signataire. La demande d'un troisième signataire revient à brimer les droits de beaucoup de monde. Le pourcentage de 70 pour cent, c'est en masse pour signer une convention collective! On peut avoir un pays à 50 pour cent plus un, mais on ne peut pas signer une convention collective», s'est indigné M. Ouellet.

La FTQ-Construction se plaint aussi du fait que la gestion du fonds de formation, négocié entre entrepreneurs et syndicats et inscrit dans la convention collective, a été transférée à la Commission de la construction. Or, ce fonds est alimenté par les cotisations des ouvriers et des entrepreneurs. «Le fonds était extrêmement bien géré. Pourquoi se l'approprier? C'est sûr que 190 millions $, c'est tout le temps tentant pour un gouvernement», a commenté M. Ouellet.

Le Bureau international du travail a un certain poids moral, dans ce cas-ci un éventuel pouvoir de blâme. «Au niveau international, c'est jamais intéressant de se faire blâmer, surtout quand on est une société comme la nôtre, où on est supposé être un exemple sur le plan des relations de travail. Lorsque tu reçois un blâme du Bureau international du travail, ça ne paraît pas trop bien. Ça ferait une tache» au dossier du Québec, a opiné M. Ouellet.

Le deuxième syndicat de la construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), conteste également la loi. Il a cependant choisi la voie de la Cour supérieure du Québec pour ce faire.