Une étrange partie de bras de fer se joue entre le Conseil du Trésor et la Commission de la construction (CCQ), aux prises depuis hier avec la grève de 600 de ses 1000 employés. Le Conseil du Trésor a validé les chiffres de la proposition de règlement soumise par le conciliateur, Jean-Pierre Gosselin.

Or, le conseil d'administration de la CCQ, organisme paritaire, a rejeté ce rapport lundi soir. Si le conseil d'administration «reconnaît dans l'hypothèse de règlement une avancée du syndicat au sujet du déficit courant du régime de retraite des employés de la CCQ, il a toutefois jugé que cette hypothèse n'était pas suffisante», ont tranché les dirigeants de la Commission, de façon largement majoritaire.

Dans un communiqué, le conseil d'administration de la CCQ rappelle qu'il lui appartient de déterminer les conditions de travail des employés de la Commission. Le mandat de négociation des dirigeants de la CCQ avait été appuyé deux fois par le Trésor, jusqu'en mars 2012. Des sources proches de ces discussions estiment que le rapport du conciliateur était clairement aligné sur la position syndicale.

La ministre du Travail, Lise Thériault, a donné le mandat de conciliation, mais ne veut pas s'immiscer dans la suite du litige. «Il n'y a pas vraiment de problèmes, on va laisser les parties continuer à faire ce qu'elles doivent pour en arriver à un règlement, a-t-elle dit. Concernant toutes les inspections, il y a quand même 300 personnes qui ne sont pas en grève présentement à la Commission de la construction. Donc, l'inspection des chantiers va se poursuivre, c'est évident.» Et les paies de vacances, «elles sont déjà prêtes. Donc ça partira en temps et lieu».

Le directeur général du Syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB-Québec), Serge Cadieux, s'est dit surpris de la décision du conseil de la CCQ. Selon lui, la proposition du conciliateur est conforme à la politique adoptée par Québec. Il suggère d'équilibrer le coût du régime de retraite en faisant passer les cotisations de 22,3% à 17%. «Ça prend 18% pour le ramener à l'équilibre et c'est la contribution que font les parties, 9% de chaque côté.»

Les paies à temps

La Commission soutient que l'essentiel de ses services sera maintenu pendant la grève. Les cadres assureront la remise à temps des 153 000 chèques de vacances, une opération qui sera faite par une firme externe, comme par le passé. Le vote sur les allégeances syndicales se tiendra du 4 au 25 juin comme prévu. Les plaintes sur l'intimidation ou la discrimination pourront continuer d'être reçues - les 300 employés affectés à l'inspection ne sont pas touchés par la grève.

Selon M. Cadieux, toutefois, il est impossible que la grève de 600 employés sur un total de 1000 se déroule sans conséquence.