Les trois partis «traditionnels» (PLQ, PQ, ADQ) reçoivent des milliers de dollars de dons provenant du «financement sectoriel», c'est-à-dire des entreprises, et cela, même si c'est illégal, selon une enquête réalisée par Québec solidaire.

> En graphique: Dons provenant du financement sectoriel

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«Le financement sectoriel est une expression polie pour sous-entendre le financement illégal de partis politiques par les entreprises», affirme le rapport, divulgué hier.

«Les dons paraissent légitimes aux yeux du Directeur général des élections, car ils sont effectués par des individus, mais les responsables du parti (qui les reçoivent) savent bien qu'ils viennent, en réalité, d'une entreprise. Ils peuvent, une fois le parti élu, renvoyer l'ascenseur à cette entreprise.»

Un des procédés consiste à faire usage de prête-noms, souligne le rapport. L'entreprise offre de l'argent à ses employés (en bonus, en avances de fonds ou en allocation de dépenses) et les invite à donner cette somme à un parti.

Québec solidaire affirme que son enquête n'est pas exhaustive. Ses recherchistes n'ont pu voir que la pointe de l'iceberg en croisant les listes des donateurs dans les documents du Directeur général des élections et les listes du personnel de quelques firmes professionnelles et entreprises privées. Sans surprise, le grand bénéficiaire du financement sectoriel est le Parti libéral du Québec (PLQ).

«Selon son rapport financier, lors des élections générales de 2008, ce parti a dépensé 5 millions de dollars. Or, en prenant uniquement les dons recensés par Québec solidaire et liés aux firmes de génie, aux cabinets d'avocats, aux entrepreneurs et fournisseurs et à quelques firmes comptables, cette infime partie visible du financement sectoriel représentait 1,3 million, soit 26% des dépenses électorales du PLQ.»

Depuis 30 ans, à l'exception de 4 années, le parti au pouvoir est celui qui a reçu le plus de dons, souligne le document. Le Parti québécois a ainsi reçu plus de dons que le PLQ de 1994 à 2000. Le rapport affirme que l'Action démocratique du Québec (ADQ), fusionnée depuis peu avec la Coalition avenir Québec, a compté elle aussi sur le financement sectoriel.

«Il s'agit d'une pratique détestable bien ancrée dans la culture des vieux partis, affirme Françoise David, porte-parole de Québec solidaire. Elle est à la source de bien des dérives éthiques. La commission Charbonneau devrait s'attaquer à ce problème de façon globale.»