Souvent montrés du doigt pour leur comportement à risque derrière le volant, les jeunes conducteurs âgés entre 15 et 24 ans font cette année meilleure figure, selon le bilan routier présenté lundi par le ministre des Transports, Pierre Moreau.

Pour 2011, ce sont plutôt les conducteurs de la tranche d'âge des 25-34 ans qui retiennent l'attention. Le nombre d'accidents mortels chez les jeunes professionnels ans a bondi de 31 pour cent par rapport à 2010. Ce faisant, ils enregistrent l'augmentation annuelle la plus marquée au chapitre des accidents routiers mortels, toutes tranches d'âge confondues.

Ces conducteurs, qui parfois s'astreignent à de longues heures de travail en début de carrière, seront donc dans la mire de Québec, qui compte lancer des campagnes de sensibilisation sur la fatigue au volant.

«Ce que le bilan révèle, c'est que ce groupe d'âge a subi une augmentation importante. Il faudra voir, a exposé le ministre Moreau. Vous savez que cette tranche d'âge-là, c'est le début des années très productives sur le marché du travail. Est-ce que c'est lié à la fatigue? On verra.

«On va certainement pousser plus loin l'investigation derrière les chiffres pour trouver des explications et voir quelles mesures pourraient être prises pour améliorer cette situation-là», a-t-il ajouté.

La tendance sur cinq ans demeure cependant à la baisse chez les 25-34 ans. L'avenir dira donc si l'année 2011 aura constitué une exception à la règle.

Amélioration chez les 16-24 ans

Du côté des 16-24 ans, la tendance est aussi à la baisse depuis cinq ans - exception faite de l'année dernière, où on avait noté une légère augmentation par rapport à 2009.

En 2011, on a observé un fléchissement de 22 pour cent du nombre d'accidents mortels chez les conducteurs de 15-24 ans - cela constitue le meilleur résultat de 2011, toutes tranches d'âges confondues. En chiffres absolus, les 16-24 ans demeurent toutefois surreprésentés comparativement aux autres groupes d'âge.

Le président de la Table québécoise de la sécurité routière, Jean-Marie De Koninck, y voit le fruit des efforts qui ont été déployés sur le plan législatif au cours des dernières années.

«L'accès graduel au permis de conduire (...), le nouveau cours de conduite qui a quand même commencé il y a deux ans et demi, je pense que ça a beaucoup fait jaser et que les parents se sont sentis interpellés», a suggéré M. De Koninck.

Toutes ces mesures mises ensemble ont un effet multiplicateur et pérenne, croit le fondateur de l'organisme Nez Rouge.

Le bilan présenté lundi permet de constater que le nombre d'accidents mortels a seulement chuté de 0,4 pour cent comparativement à 2010. En chiffres absolus, cela signifie que dans l'ensemble de la province, deux personnes de moins ont perdu la vie dans un accident de la route.

«C'est vrai qu'il y a seulement deux décès de moins cette année par rapport à l'an passé, mais quand même, au niveau des blessés graves, c'est spectaculaire, la baisse. On est passés de 2300 à 2000. Si on compare à 2006, c'était 3700», a fait valoir Jean-Marie De Koninck.

Notons que le nombre de piétons happés mortellement s'est établi à 71 en 2011, ce qui représente une augmentation en comparaison des 59 décès de l'année dernière. Par ailleurs, cinq cyclistes de moins, soit 15, ont perdu la vie dans un accident de la route.

La stabilité de la diminution du nombre d'accidents représente évidemment une bonne nouvelle pour les coffres de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ), puisqu'elle se traduit par une diminution du nombre de réclamations.

«Le financement du régime (d'assurance automobile) est assuré et on a même commencé à rembourser ce qu'on appelle la dette, donc le déficit cumulé du régime a commencé à diminuer», a signalé Nathalie Tremblay, pdg de la SAAQ.

La loi oblige la SAAQ à rembourser sa dette - qui était de 1,6 milliard $ - d'ici 2023 au plus tard. Ce sera fait si le bilan routier continue de s'améliorer ainsi, a assuré Mme Tremblay.

Dérapages au secondaire?

Il a été question à quelques reprises, lors de la conférence de presse du ministre Moreau, du documentaire Dérapages, signé Paul Arcand.

La pertinence du film, qui porte sur les habitudes de conduite des jeunes et leurs funestes conséquences, a été saluée autant par Pierre Moreau que par Jean-Marie De Koninck. Ce dernier préconise d'ailleurs une projection du long métrage pour les élèves du secondaire.

«C'est un outil supplémentaire. Le gouvernement ne peut pas tout régler; ce n'est pas juste avec des lois qu'on va améliorer le bilan routier des jeunes. C'est beaucoup avec l'éducation et la sensibilisation», a-t-il plaidé.