Des bailleurs de fonds de la défunte Action démocratique du Québec (ADQ) ont refusé de cautionner plus longtemps la Coalition avenir Québec (CAQ). Seules deux des sept personnes qui s'étaient portées garantes d'un emprunt de 200 000$ pour l'ancien parti de Mario Dumont cautionnent désormais la dette auprès de la Banque Nationale.

Selon les renseignements obtenus par La Presse, l'ancien député adéquiste de Portneuf, Raymond Francoeur, exerçait des pressions depuis un bon moment pour qu'on le dégage de toute responsabilité. Seuls Christian Lévesque, l'ancien DG de l'ADQ devenu responsable du financement à la CAQ, et l'avocat Mario Charpentier sont restés pour cautionner la dette de l'ADQ, transférée à la CAQ.

«La vie politique, c'est terminé pour moi», a lancé l'ancien député, redevenu agent immobilier dans Portneuf, confirmant qu'il était désormais libéré de toute responsabilité. En coulisse, on a appris que François Legault a refusé qu'il porte les couleurs de la CAQ dans son ancienne circonscription. L'automne dernier, M. Francoeur avait été l'un des promoteurs de la fusion avec le parti naissant de François Legault.

En fusionnant avec l'ADQ, la CAQ devenait responsable de la dette. Il en reste 585 000$, dont 115 000 $ doivent être remboursés en janvier 2013. Un premier paiement de 115 000 $ a été versé à la mi-février.

La Banque Nationale demandait que la CAQ dépose ses états financiers vérifiés avant d'accepter de réduire la caution. Or, ce document a pu être fourni vendredi dernier seulement. «C'était acquis qu'on allait les libérer (de leur engagement), mais il y avait des délais administratifs normaux, des démarches devaient être faites avec la banque», a expliqué Martin Koskinen, bras droit de M. Legault.

Pour le reste de la dette de l'ADQ, soit 470 000$, la CAQ est aux commandes, et la banque n'a pas demandé de caution. Selon Christian Lévesque, seul le délai a pu poser problème. «Il y a eu des délais parce que le paiement a été fait à la mi-février pour le premier 115 000 $ qu'on devait verser», explique-t-il. «Tant que le bilan de la coalition n'était pas disponible, cela ne pouvait être terminé, et jeudi, j'ai avisé tous les cautionneurs que c'était réglé».

«En plus, Raymond Francoeur, je le cautionnais personnellement», a ajouté M. Lévesque. Comme il ne reste que lui et Me Charpentier comme endosseurs, «et qu'on est responsables du financement, on a une bonne raison de travailler fort», a-t-il blagué.

La Presse avait rapporté il y a deux semaines que la Banque Nationale avait exigé que François Legault se porte personnellement garant d'une marge de crédit de 200 000 $ que la CAQ souhaitait obtenir. M. Legault a accepté, mais la marge de crédit n'a pas été utilisée. Dans son numéro d'avril, le magazine L'actualité présente un long reportage sur les coulisses de la CAQ, qui montre que le financement du jeune parti demeure la principale préoccupation de François Legault. On a récemment sabré la masse salariale, et transféré certains employés dans la masse salariale de l'Assemblée nationale. On a également réduit le congrès de formation à sa plus simple expression, soit une soirée et une journée, à Victoriaville.

Cautions

Pour convaincre la Banque Nationale de lui prêter de l'argent en 2011 au taux préférentiel plus 1%, l'ADQ avait dû trouver «des cautionnements personnels de particuliers totalisant 200 000 $».

Plusieurs de ces endosseurs étaient parmi les plus favorables à la fusion de l'ADQ avec la CAQ. Ces sept personnes étaient à l'origine: Christian Lévesque; Raymond Francoeur; Mario Charpentier, avocat fondateur de la firme BCF; Jean-Pierre Arcoragi, vice-président de la défunte ADQ; Franco Baroni; Philippe Brisset, responsable pour l'ouest de l'île de Montréal; Dino Mazzonne, conseiller municipal pour la ville de Montréal-Ouest.