Puisque le gouvernement Harper refuse d'intervenir en faveur des travailleurs d'Aveos, le syndicat qui les représente presse Québec de porter l'affaire devant les tribunaux.

Les travailleurs licenciés d'Aveos se sont déplacés à Québec, mercredi, où ils ont accusé le gouvernement Charest de jouer «une petite game politique» au lieu de déposer une demande d'injonction contre Air Canada.

La semaine dernière, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion pour que Québec prenne «dans les plus brefs délais tous les recours juridiques possibles» afin de sauver les 2600 emplois perdus, dont 1800 à Montréal, à cause de la fermeture d'Aveos.

Le gouvernement Charest continue de consulter ses avocats. Mais les syndiqués d'Aveos s'impatientent. Ils estiment que la poursuite serait plus efficace si elle était déposée par le gouvernement du Québec. Après une analyse préliminaire, le ministre pense le contraire, car c'est le syndicat qui est lésé.

Les avocats du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation continuent d'examiner la situation pour trouver rapidement la meilleure solution, dit-on au bureau du ministre Sam Hamad.

Mais il semble que M. Hamad ait envenimé la situation mercredi, en déclarant que «le syndicat lui-même ne veut pas poursuivre Air Canada».

Cette remarque a courroucé Jean Poirier, représentant régional du syndicat des machinistes d'Aveos. «On joue une petite game pour dire que le syndicat ne veut pas embarquer», a-t-il dénoncé.

Mais le ministre persiste et signe. «Le syndicat, hier, nous a confirmé qu'ils n'ont pas l'intention, eux-mêmes, de poursuivre en ayant le support du gouvernement du Québec, a-t-il déclaré en Chambre. Ça, c'est une vérité.»

Avis juridique

À Ottawa, mercredi, les partis de l'opposition ont de nouveau dénoncé l'inaction du gouvernement Harper dans ce dossier. Le ministre des Transports, Denis Lebel, est resté campé sur ses positions. «C'est un dossier entre deux entreprises privées, a-t-il affirmé. Nous n'allons gérer aucune compagnie dans ce pays. Nous respectons cela et, donc, nous n'envisageons pas de plan de sauvetage pour Aveos ou Air Canada.»

M. Lebel a convoqué Aveos, Air Canada, les travailleurs et des experts devant un comité parlementaire. Il déposera à l'occasion un avis juridique qui tranchera si, oui ou non, la fermeture d'Aveos place Air Canada en contravention de la loi qui l'oblige à entretenir ses avions dans trois villes canadiennes, dont Montréal.

Or, Aveos a refusé l'invitation en expliquant qu'elle se trouve sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers, ont révélé les partis de l'opposition, mercredi.

Le député libéral Denis Coderre y voit la preuve que le comité parlementaire n'apportera pas grand-chose aux travailleurs licenciés.

«C'est bidon, c'est une mascarade, a-t-il dénoncé. Ça ne sert à absolument rien. Aujourd'hui, au moment je vous parle, les travailleurs d'Aveos devaient être payés. Ils ne sont pas payés.»

Le Nouveau Parti démocratique compte déposer une motion pour forcer l'entreprise à témoigner.

«L'an dernier, l'ancien ministre des Transports a déclaré à cette Chambre qu'il n'y aura pas de perte d'emplois avec Air Canada, qu'il va maintenir ses centres de maintenance, que la loi l'y oblige», a souligné le député néo-démocrate Peter Julian.

«Pourquoi le gouvernement ne respecte-t-il pas sa promesse envers 2600 familles canadiennes?»