Au moment de la mort d'un jeune Beauceron à la suite d'une dangereuse équipée de couch surfing, les mesures pour stopper ces pratiques risquées adoptées depuis deux ans par le gouvernement ne sont toujours pas mises en applications par le gouvernement du Québec.



La liste «Synthèse des mesures édictées par des lois de 2010» distribuée à la Table de concertation de la sécurité routière organisée par la Société d'assurance automobile, prévoit qu'il faudra attendre à la fin juin 2012 pour qu'on puisse appliquer la suspension de permis à des conducteurs qui font des courses de rue ou du car surfing.

Lors de l'adoption de la loi, en 2010, Québec avait prévu la suspension immédiate du permis et la saisie du véhicule pour 7 jours pour ces conducteurs lors d'une première infraction. On montait à 30 jours en cas de récidive. Les amendes plus musclées de 1000 dollars à 3000 dollars sont, elles, appliquées depuis un an.

Pour Jean-Marie De Koninck, président de la Table de la sécurité routière, la suspension du permis est une mesure bien plus efficace que les amendes pour dissuader les jeunes conducteurs, «ils tiennent à leur permis comme à la prunelle de leurs yeux!» résume-t-il. On retrouve des recommandations de son groupe pour freiner le car surfing dès 2007. «Mais pour tout ce qui concerne les suspensions de permis, on nous a expliqué qu'il est très long d'adapter le logiciel de la Société d'assurance automobile» déplore-t-il. Il ne peut d'ailleurs expliquer pourquoi la tolérance zéro pour l'alcool pour les conducteurs de 21 ans et moins pourra, elle, s'appliquer dès avril.

Au cabinet du ministre des Transports, Pierre Moreau, l'attachée de presse, Andrée-Lyne Hallé, souligne que le car surfing et le coach surfing seront traités de la même manière, toutes deux «sont interdites par le Code de la sécurité routière et le Code criminel».

Des amendes s'appliquent (minimum 1000 dollars) si les gens sont reconnus coupables. L'article 434 du Code de la sécurité routière interdit de s'agripper ou de s'accrocher à un véhicule routier ou à une bicyclette assistée en mouvement. Mais pour la suspension de permis, «la mesure concernant le car surfing doit effectivement entrer en vigueur d'ici le 30 juin 2012». Deux ans après l'adoption du projet de loi, la date n'est pas déterminée, indique-t-on au cabinet de M. Moreau.

Hier à Saint-Joseph-de-Beauce, Alex Labbé a été remis en liberté. Il fait face à trois accusations graves de négligence criminelle, de conduite dangereuse causant la mort et de délit de fuite. Le jeune homme a brièvement comparu et devra se soumettre à plusieurs conditions en attendant son procès, un couvre-feu de 22h30 à 6h. De plus, il ne pourra conduire de véhicule motorisé ni consommer de l'alcool. Le couch surfing avait pris fin tragiquement samedi soir, quand le sofa monté sur skis s'était retrouvé dans la voie inverse et avait été percuté par une voiture, causant la mort de François Hallé.

Le procureur de la Couronne, Me Hugo Breton, souligne que l'accusation de négligence criminelle causant la mort envoie un message à tous ceux qui voudraient répéter ce jeu mortel. «C'est une gravité objective qui est beaucoup plus importante que la conduite dangereuse causant la mort. C'est l'emprisonnement à perpétuité, le maximum. Évidemment, ce qu'on cherche, c'est que justice soit rendue dans le présent dossier. Il faut dénoncer de tels agissements», dit Me Breton.

L'avocat de l'accusé, Me Marcel De Blois, confirme quant à lui que son client est effondré. «C'est certain qu'il est très triste. C'est un homme qui est défait. C'est ses meilleurs amis, ils étaient quatre, c'est un jeu collectif. Tout le monde savait les conséquences qu'il pouvait y avoir dans le jeu ou dans le fait simplement d'y participer. Ça aurait pu être lui, la victime assise en arrière», déclare Me De Blois. Il n'a pas fui les lieux de l'accident, mais s'est rendu chez lui réclamer du secours parce que son cellulaire ne fonctionnait pas, explique-t-il. Les procédures devant le tribunal se poursuivront le 30 mars prochain.