Anticipant un déclenchement imminent des élections, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, souhaite ramener la souveraineté à l'avant-plan. Elle a présenté dimanche après-midi les membres du comité sur la souveraineté qui devront étudier la meilleure façon pour mener le Québec à un référendum sur son indépendance.

En conférence de presse, Pauline Marois a affirmé qu'«un gouvernement du Parti québécois aura comme objectif premier de faire du Québec un pays». La chef péquiste a toutefois refusé de s'engager à déclencher un référendum lors d'un premier mandat, advenant son élection. «Il n'y aura pas de promesse sur la tenue de référendum ou pas. L'agenda reste ouvert.» Seul indice, elle a indiqué qu'«à partir du moment où il y aura une majorité en faveur de la souveraineté, [elle] n'hésiterait pas à déclencher un référendum».

Des milieux différents

D'où l'entrée en scène du comité sur la souveraineté qui tentera de trouver comment attiser la flamme souverainiste des Québécois. Le groupe sera composé de 12 membres provenant de milieux différents, à l'exception des groupes multiethniques qui n'y sont pas représentés.

Le chroniqueur Jean-François Lisée et la syndicalisdimanchete Claudette Carbonneau prendront part aux travaux du comité amorcés dimanche. Le comédien Emmanuel Bilodeau et le chanteur Paul Piché représenteront la communauté artistique. Du milieu universitaire, le constitutionnaliste Henri Brun et le professeur Pierre-André Julien, qui se spécialise dans l'entrepreneuriat, ont accepté de participer. Deux hauts fonctionnaires, Carl Grenier et Marcel Leblanc, prendront également part aux rencontres, tout comme l'avocat Alexandre Thériault-Marois. Enfin, deux députés péquistes, Véronique Hivon et Alexandre Cloutier ainsi que le maire de Rivière-du-Loup, Michel Morin, compléteront le groupe des 12. Pauline Marois assurera la présidence du comité tandis que le nouveau chef du Bloc, Daniel Paillé, en sera le vice-président.

Études et stratégies

Le premier mandat de ce groupe des 12 sur la souveraineté sera de dépoussiérer les principales études faites sur la souveraineté. Ils disent en avoir dénombré 148, dont le rapport de la commission Bélanger-Campeau qui avait recommandé la souveraineté-association. Le comité pourrait également commander de nouvelles études.

En plus de s'intéresser aux démarches entreprises par l'Écosse pour se séparer du Royaume-Uni, le groupe étudiera également les stratégies adoptées à l'aube des deux référendums québécois de 1980 et de 1995.

Le comité sur la souveraineté doit se réunir toutes les trois semaines environ. Pour l'heure, le groupe ne s'est fixé aucun échéancier ou objectif pour présenter un rapport sur la marche vers l'indépendance.

Reste que la première et principale étape demeure la réélection du Parti québécois. Déjà, Pauline Marois annonce qu'elle compte miser sur la souveraineté pour se démarquer de ses adversaires, notamment la nouvelle Coalition avenir Québec. «On n'a pas besoin de se démarquer de la CAQ en ramenant la souveraineté à l'avant-plan, nous sommes des souverainistes. Ça nous différencie carrément de Jean Charest et de [François] Legault qui a décidé de mettre cette question de côté.»

La chef souverainiste compte également tabler sur l'impopularité du gouvernement de Stephen Harper au Québec pour attaquer ses adversaires. «Quand vous regardez comment M. Charest a échoué lamentablement devant l'abolition du registre des armes à feu, la législation sur les jeunes contrevenants ou la nomination de personnes unilingues anglophones à des postes clés, qu'est-ce qu'il a fait? Il a baissé les bras.»

Mêmes attaques à prévoir contre la CAQ de François Legault. «Lorsqu'on annonce d'avance qu'il n'est pas important de s'occuper de la question nationale et qu'on devrait mettre ça de côté, il annonce déjà qu'il va se mettre à genou.»