S'il est porté au pouvoir, le Parti québécois (PQ) abolira la «taxe santé» et fera payer davantage les riches. Pauline Marois a pris des airs de chef en campagne électorale, mercredi, en faisant cette annonce-surprise que le gouvernement Charest a aussitôt condamnée.

De son côté, la Coalition avenir Québec (CAQ) entend maintenir cette contribution de 200$ par année si elle est élue. Selon le député François Bonnardel, «les Québécois sont prêts à participer à l'effort» pour retrouver l'équilibre budgétaire, «à condition que l'État fasse le ménage dans sa cour». Le gouvernement Charest n'a pas fait ce «ménage», mais la CAQ promet de donner un grand coup de balai, a-t-il ajouté.

Selon Pauline Marois, la «taxe santé», entrée en vigueur en 2010, est «une véritable injustice sur le plan économique». «Que vous gagniez 1 million ou 15 000$, c'est toujours le même montant. C'est complètement inéquitable», a-t-elle affirmé.

Plus de 4,7 millions de Québécois paieront cette taxe cette année; les personnes à très faible revenu sont exemptées. Québec engrangera 950 millions. Un gouvernement péquiste retournerait la somme dans les poches des Québécois, ce qui représente 200$ par adulte.

Mme Marois veut soulager la classe moyenne et augmenter son pouvoir d'achat, ce qui pourrait contribuer à la croissance économique, selon elle.

L'abolition de la taxe serait à «coût nul» pour l'État, a-t-elle ajouté. Un gouvernement péquiste irait chercher

950 millions chez les plus fortunés. La somme servirait toujours à financer les soins de santé.

Un gouvernement péquiste changerait les tables d'imposition. Le taux applicable pour ceux qui ont des revenus imposables de 130 000$ à 250 000$ passerait de 24% à 28% (ce qui représente une ponction de 425 millions). Le taux serait de 31% pour ceux qui gagnent plus de 250 000$ (150 millions). Le PQ réduirait de 50% les crédits d'impôt pour dividendes (135 millions) et la déduction partielle applicable sur les gains en capital (240 millions).

Au total, 115 672 Québécois ont des revenus se situant entre 130 000$ et 250 000$; 28 952 gagnent plus de 250 000$. Cela voudrait dire qu'un gouvernement péquiste puiserait un peu plus de 6500$ par année dans leurs poches en moyenne. «C'est sûr qu'on souhaiterait avoir plus de riches [au Québec], mais nous croyons qu'ils ont la possibilité de payer de tels niveaux de taxation», a dit Pauline Marois.

«Radicalisation du PQ», selon Bachand

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, croit tout le contraire. «Il y a une limite à ce qu'on peut faire porter à un petit nombre de contribuables. On n'est pas aux États-Unis où [les plus riches] se défilent. Les 100 000$ et plus, c'est 4% du monde qui paie 33% de tous les impôts. Les 150 000$ et plus, c'est 1,5% des gens qui paient 21% des impôts», a-t-il fait valoir après une réunion du Conseil des ministres.

Selon lui, Pauline Marois «confirme la radicalisation du PQ». «On a l'impression d'entendre Québec solidaire. Elle relance la lutte des classes!», a-t-il lancé. Françoise David et Amir Khadir se sont réjouis que le PQ «se range enfin derrière une proposition» de leur parti.

Pauline Marois n'a pas voulu préciser comment un gouvernement péquiste résoudrait le problème du financement des soins de santé. Elle a toutefois promis que des «orientations» seront présentées d'ici à la campagne électorale. Autrement, elle s'est contentée d'évoquer des économies qui seraient réalisées grâce à une réorganisation des agences de santé - elle ne parle pas d'abolition - et à un changement au mode de financement des hôpitaux (selon les services rendus plutôt que sur une base historique).