La déclaration du sénateur Pierre-Hugues Boisvenu choque la porte-parole du PQ en matière de Justice, Véronique Hivon. «Bien qu'on puisse comprendre que M. Boisvenu est quelqu'un qui a vécu des choses très difficiles et qui souffre encore, sa déclaration de ce matin est tout à fait inacceptable», a-t-elle lancé.

M. Boisvenu «n'en est pas à ses premières controverses», dit Mme Hivon. Selon elle, le sénateur n'a plus «la crédibilité ou la légitimité pour pouvoir demeurer un porte-parole du gouvernement Harper en justice au Québec». «D'autant plus que c'est un non-élu, un sénateur qui n'est pas imputable», a-t-elle ajouté.

Le ministre de la Justice du Québec, Jean-Marc Fournier, n'a pas voulu critiquer M. Boisvenu. Il a simplement avoué avoir été «surpris». «Je n'ai pas de commentaire sur sa déclaration. Paraît-il qu'il s'est rétracté, alors je vais le laisser faire ses clarifications», a-t-il indiqué.

Il a toutefois critiqué la légitimité de M. Boisvenu. Il ne le considère pas comme un porte-parole du gouvernement conservateur en matière de Justice. M. Boisvenu a pourtant agi à ce titre au Québec à plusieurs reprises. Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, ne parle pas français. «Le ministre de la Justice est le porte-parole pour moi», affirme M. Fournier.

Dans les derniers mois, MM. Fournier et Boisvenu se sont affrontés notamment au sujet du projet de loi C-10. Le sénateur avait qualifié l'approche québécoise de «soft on crime». Le ministre avait qualifié ses propos de «démagogiques». Il n'a visiblement pas voulu ajouter de l'huile sur le feu cet après-midi. «J'ai déjà fait assez souvent de commentaires sur M. Boisvenu dans le passé», a-t-il lancé.

Québec solidaire s'est indigné des propos du sénateur. «Il faudrait donc éliminer certains criminels pour donner à l'État canadien les moyens de s'occuper des aînés? Quelle démagogie à un moment où le gouvernement Harper baisse les impôts des entreprises! Ce gouvernement se fiche aussi bien des aînés que des enfants pauvres!», a tonné sa présidente, Françoise David.

Contexte malheureux

La péquiste rappelle que la déclaration de M. Boisvenu survient en pleine semaine de prévention du suicide. Elle refuse toutefois de dire s'il devrait démissionner.

Selon un sondage Angus-Reid publié en 2010, 62% des Canadiens et 69% des Québécois sont en faveur de la peine de mort.

«Je ne pense pas que la population pense que ce soit une bonne chose d'inciter les gens à se suicider. Je pense que les gens sont très, très sensibles à la prévention du suicide», a toutefois affirmé Mme Hivon.

«Le sénateur Boisvenu est un excellent porte-parole pour les victimes. Et pour notre gouvernement, c'est une priorité de donner une voix aux victimes», a réagi Carl Vallée, attaché de presse du parti conservateur.