Bernard Drainville n'en est pas à sa première tentative d'électrochoc envers ses collègues. Toujours en évitant de viser directement sa chef, Pauline Marois, il invite militants et collègues à se ressaisir pour éviter de voir le Parti québécois disparaître. Et cette sortie du député de Marie-Victorin remue Louise Beaudoin.

Cette déclaration survient à deux semaines du prochain Conseil national du parti, où, espère-t-il, des réflexions en profondeur se tiendront.

Si Bernard Drainville évite de lancer la pierre à celle qui dirige la formation péquiste, la députée Louise Beaudoin qui a quitté le navire péquiste, elle, la pointe directement, tout en apportant une fine nuance. Certes, ce qui arrive Parti québécois incombe un peu à tous, mais la chef a indéniablement une part de responsabilités.

Louise Beaudoin n'a jamais renié ses convictions politiques, elle s'identifie toujours au PQ, mais déplore la rupture qui s'est opérée, dit-elle, avec l'ADN même du parti, lors de sa fondation.

Maintenant indépendante à l'Assemblée nationale, la députée de Rosemont répète qu'elle se trouve aujourd'hui à «l'extérieur», mais que ses liens ne sont pas rompus. À plusieurs reprises, lors de votes, elle s'est rangée du côté de son ancienne formation.

«C'est sûr que chacun a sa responsabilité et la chef a une responsabilité particulière et évidente, mais pour moi, c'est plus profond que ça. Le Parti québécois ne doit pas dériver par rapport à cet ADN quand René Lévesque l'a fondé et qui liait démocratie, souveraineté et pouvoir citoyen», a-t-elle confié en entrevue à La Presse Canadienne, samedi.

L'état du Parti québécois ne l'étonne pas, et comme son collègue, qu'elle appelle toujours simplement «Bernard», elle croit qu'il faut travailler à rallier les forces souverainistes et éviter leur morcellement.

Trop tard pour elle toutefois. Âgée de 66 ans, Louise Beaudoin a répété que ce mandat était le dernier. L'heure est venue de passer le flambeau à une autre génération. Elle souhaite que le PQ en vienne à la même conclusion. Elle regrette d'ailleurs le départ de François Rebello qui représentait cette relève. Louise Beaudoin estime que plusieurs autres gagneraient à être connus à leur juste valeur.

«Nicolas Girard, qui a très bien fait dans le dossier des garderies, a pris du galon, mais il y a aussi Véronique Hivon ou Alexandre Cloutier, qui lui est dans la trentaine. Elle est là, la relève», mentionne Louise Beaudoin.

En terminant, l'ancienne péquiste, qui demeure très près de ses racines, n'exclut pas, un jour, de réintégrer le parti comme militante, mais à la condition que le parti retrouve ce qui l'animait, il y a 40 ans, en remettant la souveraineté de l'avant. Elle suivra, d'ailleurs, le conseil national, par réel intérêt pour la suite des choses.

«Oui ça m'attriste parce que je demeure convaincue que le Parti québécois pourrait avoir un bel avenir, mais à la condition qu'il incarne le changement», avoue-t-elle.