Mauvaises nouvelles pour Jean Charest et Pauline Marois, le mécontentement vis-à-vis du gouvernement a continué de croître depuis novembre. Quant au PQ, il poursuit sa lente mais inexorable descente dans les intentions de vote.

Réalisé du 12 au 14 décembre auprès de 1000 internautes, le sondage de CROP observe d'abord que les Québécois restent bien pessimistes quant à la situation générale au Québec. Au moment où plusieurs spéculent sur la possibilité que Jean Charest déclenche rapidement des élections générales, Youri Rivest, le vice-président de CROP, administre une douche froide. L'insatisfaction vis-à-vis du gouvernement Charest augmente encore, atteignant désormais 74%, une hausse de 3 points par rapport à l'enquête de novembre.

C'est un mécontentement très élevé. On constate une augmentation très forte. Après les démissions au PQ en juin, il y avait eu une sorte d'embellie pour le gouvernement Charest. Les insatisfaits étaient à 64% [10 points de moins qu'actuellement]. Cela a cassé net avec la publication du rapport Duchesneau [sur la collusion]. La cassure date de là et l'annonce d'une commission d'enquête n'a rien donné, parce que cela avait été un désastre en terme de relations publiques», estime le spécialiste.

Sur les intentions de vote, CROP observe d'abord que les données brutes, avant répartition des indécis montrent qu'à deux, les principaux partis - le PLQ et le PQ - ne recueillent qu'un électeur sur trois soit 35%.  

La CAQ monte subitement en avalant l'ADQ. Après répartition des indécis, le parti de François Legault passe de 33 à 39% des intentions de vote en un mois. Chez les francophones, l'appui passe à 44%. «Cela signifie un balayage, on parle d'une centaine de circonscriptions», constate M. Rivest. Car libéraux et péquistes arrivent loin derrière. Le PLQ décroche 28% des intentions de vote, mais avec seulement 19% d'appuis chez les francophones, il risque de se trouver repoussé dans ses châteaux forts, qui comptent une proportion importante d'anglophones. Le score des libéraux reste presque inchangé depuis la fin de l'été.

Il en va autrement pour le PQ, qui poursuit une lente descente depuis la crise de juin dernier. Le parti de Pauline Marois est au creux de la vague avec 18% d'intentions de vote, 1 point de moins qu'en novembre, 7 de moins qu'en octobre, et 10 de moins qu'en septembre. «Si on se reporte à il y a un an, le PQ était confortablement en première place - avec 37% des suffrages, 13 points de plus que le PLQ. Aujourd'hui, il est presque marginalisé», résume M. Rivest.

Selon lui, François Legault profite de sa situation au centre du spectre. Il peut empocher des gains à gauche comme à droite, chez les souverainistes modérés comme chez les fédéralistes. «Mais il pourrait en perdre aussi des deux côtés à la fois. C'est fragile», observe M. Rivest.

Toutefois, quand on scrute la popularité des chefs, on constate «qu'il n'y a pas de "legaultmanie"...», l'ancien ministre péquiste est vu comme «meilleur premier ministre» par 28% des gens, une hausse de 2 points sur le sondage précédent. «Il est dans les mêmes eaux que son parti. On est loin de Mario Dumont qui était deux fois plus populaire que l'ADQ», observe Rivest.

Comme son parti, M. Legault devance clairement ses adversaires. Jean Charest est le champion de 18% des répondants, le même score qu'en novembre. Mme Marois obtient 11%, grosso modo le plancher qu'elle a atteint depuis le mois de septembre.

La souveraineté reste en panne. Le oui au référendum sur la souveraineté aurait récolté 36% des voix, une hausse de 3 points par rapport à novembre, ce qui revient aux niveaux enregistrés depuis l'été dernier.

Quand on leur demande si «le Québec va dans la bonne ou la mauvaise direction», spontanément, 67% des gens affirment que c'est dans la mauvaise. «Seulement 33% des gens pensent qu'on fait les bons choix. C'est très peu et cela perdure. Normalement, cela devrait être plus proche de 50%», observe Youri Rivest, vice-président de CROP.