Québec solidaire fera de la langue française l'un de ses chevaux de bataille aux prochaines élections, mais la préservation de la loi 101 ne devrait pas passer par son application au cégep. Cette position a été adoptée, hier, au congrès du parti qui a réuni 400 délégués ce week-end à Montréal.

«Nous avons eu un débat animé sur cette question pour finalement se résoudre au fait que l'on avait bien d'autres aspects de l'application de la loi 101 qu'il fallait d'abord commencer à raffermir, comme la langue sur le marché du travail ou l'affichage, a souligné Amir Khadir, député de Mercier, à l'issue du congrès. Il est désolant de constater à quel point des entreprises québécoises soutenues par l'État québécois durant des décennies renient aujourd'hui leur devoir moral de faire du français la langue de travail. Je pense, entre autres, à Bombardier où, dès que l'on gravit quelques échelons au sein de l'entreprise, ça se passe en anglais et seulement en anglais, car il y a des patrons qui ne parlent que la langue anglaise.»

Québec solidaire propose notamment de mettre en place des mécanismes pour s'assurer de la maîtrise du français et d'une bonne connaissance de la culture francophone québécoise par tous les élèves inscrits dans les cégeps anglophones et francophones.

Revenu minimal garanti pour lutter contre la pauvreté

Le congrès de Québec solidaire s'est conclu avec l'adoption d'une série de propositions, dont la mise en place d'un régime de retraite public plus important et la création d'un revenu minimum garanti.

«Le congrès marque une étape importante pour notre parti, puisque nous avons maintenant adopté la presque totalité du programme qui dessine notre vision pour les 15 prochaines années», a expliqué Françoise David, co-porte-parole de Québec solidaire.

«Ce congrès a aussi été le lieu d'une réaffirmation extrêmement claire que Québec solidaire est le parti au Québec qui se propose le plus de lutter contre les inégalités sociales. Je dirais que c'est quasiment notre marque de commerce et on y tient», a ajouté Mme David.

Dans un discours devant une salle bondée de militants, elle a affirmé caresser le rêve de vivre dans un pays plus égalitaire, d'où son engagement en politique. Nous voulons vivre dans une société où il y a «plus de justice et où on n'accepte plus que les gens vivent dans une pauvreté infecte, où des gens sont privés de droits, de soins de santé dans des délais accessibles, de culture et de transport», a-t-elle soutenu. «On ne l'accepte pas, alors on a adopté cette idée d'un revenu garanti minimal applicable aux personnes en insuffisance de revenus», a-t-elle expliqué, sans toutefois être en mesure de chiffrer cette proposition. «On a décidé que ça ne serait pas l'entreprise privée qui viendrait dicter les priorités du système public.»

Si des élections ne sont pas déclenchées d'ici au printemps, les délégués de Québec solidaire se réuniront de nouveau en avril 2012 pour adopter leur plateforme électorale. Le parti promet également de présenter des candidats dans les 125 circonscriptions électorales de la province. Dix candidats ont déjà été investis, dont Manon Massé, Vincent Lemay-Thivierge, Marie Céline Domingue et Serge Roy.