Le gouvernement Charest a survécu sans surprise, mercredi, à une motion de censure déposée par l'opposition péquiste, en vue d'obtenir la tête de la ministre Michelle Courchesne.

La motion de non-confiance présentée vendredi dernier a été défaite, alors que 61 députés libéraux ont voté contre, tandis que 54 élus de l'opposition l'ont appuyée. Il n'y a eu aucune abstention.

Théoriquement, si le vote avait été favorable, une telle motion de censure aurait eu pour conséquence de défaire le gouvernement.

Pour éviter ce scénario, les députés libéraux avaient été conviés à être tous présents en Chambre au moment du vote et ils l'étaient.

Les libéraux ne pouvaient se permettre de prendre ce vote à la légère, puisque leur majorité est bien fragile.

Ils sont, au total, 64 députés sur une possibilité de 125, mais le président de l'Assemblée, Jacques Chagnon, et les deux vice-présidents, Fatima Houda-Pepin et François Ouimet, ne peuvent voter.

Quant à elle, la ministre Courchesne était en Chambre, mais elle n'a pas participé aux échanges qui ont précédé le vote durant deux heures. Elle n'a pas voulu répondre aux questions des journalistes.

Le nouveau député libéral de Bonaventure, Damien Arsenault, ne pouvait pas voter non plus, n'ayant pas encore été assermenté.

Dans les rangs de l'opposition, on comptait théoriquement 60 élus susceptibles de voter pour retirer leur confiance au gouvernement. Mais ils n'étaient que 54 en Chambre. Tous ceux qui étaient là ont voté contre le gouvernement, incluant les quatre adéquistes.

Chez les péquistes, 43 des 45 députés étaient présents.

De la dizaine de députés indépendants, il manquait l'ex-ministre Tony Tomassi et trois anciens députés péquistes, Daniel Ratthé, Benoît Charette et Jean-Martin Aussant.

À travers leur motion de censure, les péquistes cherchaient à obtenir la démission de la ministre Courchesne, blâmée pour sa façon de gérer l'attribution de 18 000 places en garderie, alors qu'elle était ministre de la Famille en 2008. On lui reproche d'avoir fait de l'ingérence politique dans ce dossier, en accordant des milliers de places à des donateurs à la caisse du Parti libéral du Québec et organisateurs libéraux.

L'opposition s'appuie sur le rapport du Vérificateur général, rendu public la semaine dernière, qui concluait que la ministre avait bâclé le processus à toutes les étapes et n'avait, en général, pas suivi les recommandations de ses fonctionnaires au moment d'attribuer les places.

Depuis la sortie du rapport, l'opposition péquiste martèle sans relâche que Michelle Courchesne doit démissionner, «parce qu'elle a complètement failli à la tâche», a dit mercredi le député de Gouin, Nicolas Girard, qui mène la charge depuis une semaine, multipliant les allégations de favoritisme.

Durant la période de questions, M. Girard a mis au jour de nouveaux cas de favoritisme allégué.

Il a noté que la ministre Courchesne avait octroyé 60 places à l'Académie préscolaire Anjou, à Montréal, contre l'avis de son ministère, en 2008. Or, la propriétaire de la garderie, Mona Lisa Farinacci, était présidente de l'Association libérale d'Anjou et organisatrice principale de la campagne électorale de la ministre du Travail, Lise Thériault.

«Soixante places, c'est 600 000$ par année à vie en subventions à cette ancienne présidente de l'Association libérale d'Anjou. Alors là, on se retrouve avec deux organisateurs de campagne électorale du député de LaFontaine qui ont eu des places en garderie, l'organisateur de campagne de la députée de Jeanne-Mance qui en a eu aussi, l'organisatrice de la campagne de la ministre du Travail également. Coudon, il y a combien d'organisateurs du Parti libéral du Québec en 2008 qui ont été récompensés avec des places en garderie?», s'est-il interrogé.

De son côté, durant les échanges, le député adéquiste de Shefford, François Bonnardel, a soutenu que le processus d'attribution de places en garderie en 2008 était «le cas le plus flagrant de patronage politique» qu'il avait pu observer.