L'opposition péquiste a salué mardi la décision du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, d'abandonner le bilinguisme dans ses conférences de presse.

Depuis l'an dernier, soit depuis son retour en politique active, M. Fournier avait pris l'habitude de prononcer une partie de ses conférences de presse en anglais, invoquant son «respect» pour les journalistes anglophones.

Or, il est plutôt d'usage à l'Assemblée nationale que les parlementaires fassent leurs conférences de presse en français. Ils peuvent ensuite, s'ils le souhaitent et dans la mesure de leur capacité, répondre en anglais aux questions des journalistes anglophones.

Pour ne pas commettre un «impair», le ministre avait fait savoir lundi qu'il s'en tiendrait dorénavant au français et répondrait sur demande aux questions en anglais.

En renonçant au bilinguisme dans ses communications avec les médias, M. Fournier a posé le bon geste, a estimé en point de presse mardi le député Yves-François Blanchet, porte-parole du PQ en matière de langue.

«C'est un pas dans la bonne direction (...) Cette pratique-là devait cesser et tant mieux si elle a cessé. Est-ce que ça arrache la racine de cette mentalité au sein du gouvernement libéral? J'ai des doutes», a-t-il affirmé.

Selon M. Blanchet, l'attitude désinvolte dont faisait preuve M. Fournier envers la primauté du français traduit bien «l'anglophilie» ambiante chez les libéraux de Jean Charest.

En traitant sur un pied d'égalité les deux langues, alors que le français est la seule langue officielle du Québec, le ministre de la Justice envoyait un bien mauvais signal en faveur du bilinguisme, croit le député de Drummond.

«Je pense que ce dossier a été révélateur d'une culture anglophile au sein de ce gouvernement. La culture anglaise est fort intéressante mais lorsqu'on est dans un État dont la seule langue officielle est le français, et qu'on traite le français de la même façon que l'anglais, on envoie un message de bilinguisme à la population du Québec», a-t-il estimé.

Bien plus qu'une question de «respect» pour les journalistes anglophones, l'usage de l'anglais chez les libéraux répond surtout, d'après le député péquiste, à des impératifs partisans.

«C'est tout à fait naturel pour un ministre libéral de vouloir plaire à la clientèle anglophone. Quand un ministre s'assure de la sympathie du côté de la clientèle anglophone, c'est d'emblée électoraliste», a-t-il estimé.

Comme prévu, le député péquiste a déposé mardi en Chambre le projet de loi 591 pour assujettir les filiales des organismes gouvernementaux aux dispositions de la loi 101.

L'objectif de la démarche est d'éviter que des divisions de la Caisse de dépôt et placement, comme la société immobilière Ivanhoé Cambridge, puissent à l'avenir embaucher des cadres supérieurs unilingues anglais.

Ainsi, le projet de loi péquiste soumet les filiales à l'article 20 de la Charte de la langue française, qui établit, comme critère d'embauche, une connaissance appropriée du français.

La Caisse de dépôt a été critiquée sur toutes les tribunes ces dernières semaines lorsque des employés d'Ivanhoé Cambridge se sont plaints de l'unilinguisme de deux importants dirigeants.

En déposant son projet de loi à l'Assemblée nationale, l'opposition officielle veut «forcer la main» au gouvernement Charest pour qu'il applique l'esprit et la lettre de la loi 101 sur l'ensemble du territoire.