Le chef de l'Unité permanente anticorruption, Robert Lafrenière, assure que la collaboration de l'UPAC avec la commission Charbonneau se fera «dans le respect total de l'indépendance conférée à cette commission». Le commissaire à la lutte contre la corruption a ainsi commenté les articles parus dans l'édition de vendredi du quotidien La Presse, faisant état de tensions au sein de l'UPAC, où sont maintenant regroupés des enquêteurs provenant d'organismes différents.

Le quotidien montréalais rapporte aussi que des enquêteurs-analystes et agents de liaison de l'UPAC travailleront pour la commission d'enquête présidée par la juge France Charbonneau. Des observateurs auraient laissé entendre que cela pourrait soulever des doutes sur l'indépendance de la commission face à l'UPAC.

«L'UPAC dispose d'unités de vérification et d'enquête, des experts et des spécialistes qui pourront répondre aux différentes demandes qu'exprimeront la présidente, Mme Charbonneau, et son équipe», explique le commissaire Lafrenière, dans un communiqué diffusé vendredi après-midi.

Le quotidien fait aussi état de la présence de représentants d'Hydro-Québec à des réunions de l'unité.

Pour ce qui est des tensions provoquées par l'amalgame d'enquêteurs et d'analystes qui proviennent de différents organismes, le commissaire Lafrenière réplique que «toute nouvelle organisation vit une période d'adaptation». Il ajoute que ces spécialistes «arrivent avec leur culture organisationnelle respective et leurs références légales et réglementaires», ce qui explique la période d'ajustement.

Quant à la présence de représentants d'Hydro-Québec à des réunions, le commissaire Lafrenière rappelle que le mandat de l'UPAC inclut «tous les ministères et organismes publics, particulièrement ceux qui sont les grands donneurs de contrats», ce qui est le cas d'Hydro-Québec.

Il confirme donc que «des rencontres ont et auront lieu entre les représentants de l'UPAC et d'Hydro-Québec afin de prendre connaissance notamment des mécanismes d'octroi de contrats en place».

Dans son communiqué, le commissaire Lafrenière réitère aussi son engagement à lutter contre la corruption d'abord et avant tout.

Marois est préoccupée

De son côté, la chef péquiste Pauline Marois ne s'étonne pas que des tensions se soient développées au sein de l'UPAC et les attribue aux tergiversations du gouvernement Charest dans le dossier de l'industrie de la construction.

«Malheureusement, on sait que depuis le début, ce dossier sur la commission d'enquête est tellement allé dans toutes les directions, le gouvernement a tellement mis le pied sur le frein sans arrêt et sans raison, autrement que de vouloir se protéger, que c'est normal qu'un moment donné, il y a des tensions qui se soient développées», a opiné Mme Marois.

La chef de l'opposition officielle s'est aussi montrée préoccupée de la présence de représentants d'Hydro-Québec à certaines réunions de l'UPAC. «Effectivement, ça semble poser des problèmes, des problèmes d'éthique et des problèmes qui mettent les gens en conflit d'intérêts. Si ça devait être le cas, je crois qu'immédiatement, il y a des décisions qui doivent être prises», a-t-elle suggéré.

Elle n'a toutefois pas voulu jeter de blâme sur la question des liens entre des membres de l'UPAC et la commission présidée par France Charbonneau, disant ne pas disposer de toutes les informations nécessaires.

«Ça soulève des inquiétudes, mais avant d'affirmer ou de condamner, j'aimerais mieux regarder ça d'un peu plus près. Si ça devait être le cas, je crois que le gouvernement devrait réfléchir peut-être à apporter certains changements», a-t-elle commenté.

La chef du Parti québécois a fait ces commentaires vendredi, à Montréal, alors qu'elle prononçait une allocution devant le Conseil national des chômeurs et des représentants du Parti québécois, du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique.