Pauline Marois veut organiser une vaste coalition de tous les partis pour demander le rapatriement de la portion québécoise du régime d'assurance-emploi.

Elle a élaboré sur son projet, vendredi, devant des militants des groupes de défense des chômeurs, ainsi que des députés péquistes, néo-démocrates et bloquistes réunis à Montréal. Parmi eux se trouvait d'ailleurs l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

«J'invite tous les candidats à la direction du NPD à nous appuyer dans cette volonté que nous avons au Québec de rapatrier le régime d'assurance-emploi. Je serai d'autant plus optimiste si nous réussissons, au Québec, à réunir les travailleurs, les employeurs et tous les partis politiques autour d'une volonté commune, autour d'un projet qui sera gagnant pour tout le monde. Je vais donc inviter le gouvernement libéral, l'ADQ, la Coalition avenir Québec, Québec solidaire à bien vouloir se joindre à cette coalition que nous appelons et que j'appelle de tous nos voeux», a lancé Mme Marois.

Son projet consiste notamment à en faire d'abord un véritable régime d'assurances, plus accessible pour les travailleurs.

Elle souhaite aussi élaborer de meilleurs programmes de formation de la main-d'oeuvre, afin de mieux diriger les chômeurs à la recherche d'emploi vers des emplois qui répondent aux besoins actuels et futurs du marché du travail. Cela permettrait, selon elle, de contribuer à alléger la pénurie de travailleurs qualifiés.

M. Duceppe, qui s'est longtemps battu au Bloc québécois pour tenter de rendre plus généreux et plus accessible le régime d'assurance-emploi, pense que le temps est venu, en effet, de revendiquer le rapatriement pur et simple de la portion québécoise du régime.

«Ce serait plus cohérent de faire en sorte que la formation, qui relève du Québec, les congés parentaux, qui relèvent du Québec, les politiques sociales, qui relèvent du Québec, au lieu de diviser tout ça, on devrait faire en sorte qu'il y ait un tout qui se tienne. Et je pense que c'est la bonne solution», a opiné l'ex-chef bloquiste.

Mais le député néo-démocrate d'Acadie-Bathurst, Yvon Godin, ne voit pas les choses du même oeil. Il ne doute pas que le Québec aurait les moyens d'administrer un tel régime, mais craint que toutes les autres provinces se prévaudraient alors du même droit de rapatrier le régime et que les moins nanties d'entre elles n'auraient pas les ressources pour le gérer.

«Non, je vais être franc et honnête: je n'y crois pas. Je trouve que ça va être un recul pour tous les travailleurs. Il faut qu'on se supporte les uns les autres. Ma grande peur, dans tout ça, c'est que le Québec dirait «okay, nous, on va rapatrier l'assurance-emploi'. Alors il n'y a rien qui empêche l'Alberta de le faire. Et ils le feront avec grand plaisir. Après ça, ce serait l'Ontario qui le ferait. Puis qu'est-ce qui arriverait dans les autres provinces qui en ont tant besoin?», a demandé le député néo-démocrate.