La papetière White Birch est dirigée par un «bandit à cravate» qui veut priver les travailleurs de leur fonds de retraite, a soutenu jeudi la députée péquiste, Agnès Maltais.

La députée de Taschereau n'a pas mâché ses mots à l'Assemblée nationale pour commenter la décision de l'entreprise de cesser les activités de son usine de Québec, le 9 décembre, pour une durée indéterminée.

«Il y a un bandit à cravate qui va mettre à pied 600 travailleurs avant Noël après s'être versé 5,8 millions de dollars dans les trois premiers mois de 2011», a dit la députée responsable de la région de Québec au sujet du président de l'entreprise, Christopher Brant.

Sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers depuis près de deux ans, la compagnie Papiers White Birch a invoqué les coûts de production élevés de l'usine Stadacona de Québec ainsi qu'un ralentissement de l'activité économique dans le secteur du papier.

Quelque 600 employés se retrouveront à la rue à quelques semaines de Noël sans savoir s'ils seront rappelés au travail.

Le ministre du Développement économique, Sam Hamad, a déploré la décision l'entreprise de fermer ses portes et exigé des comptes à ses dirigeants.

«Nous trouvons aussi que c'est très déplorable, la décision de l'entreprise de fermer indéfiniment l'usine de Stadacona à Québec. Nous avons communiqué avec l'entreprise, et j'ai demandé au président de nous rendre compte de sa décision, de nous présenter son plan d'affaires, de nous expliquer exactement où il s'en va», a soutenu le ministre Hamad.

White Birch est à la recherche d'un nouvel acquéreur, mais le déficit actuariel du régime de retraite des employés - évalué à 230 millions $ - fait obstacle aux démarches.

Un consortium formé de White Birch et de Black Diamond veut racheter les trois usines du Québec - Rivière-du-Loup, Gatineau et Québec - mais exige la terminaison des régimes de retraite, ce à quoi le syndicat s'oppose catégoriquement.

La situation inquiète grandement les travailleurs et les retraités «qui ne savent pas ce qu'il adviendra de la pension qu'ils ont cumulée de plein droit», a soulevé la chef péquiste Pauline Marois pendant la période de questions.

L'annonce de la fermeture de l'usine Stadacona semble être «une autre manoeuvre qui vise à infléchir les travailleurs, à leur soutirer de lourdes concessions dans le cadre des discussions autour de la vente de l'entreprise», a estimé Mme Marois.

Quant à la députée Maltais, elle a accusé la compagnie de vouloir détrousser les travailleurs et les retraités.

«Ce à quoi on assiste, c'est au vol des caisses de retraite par des propriétaires qui ont profité de la compétence de nos travailleurs et de l'abondance de nos ressources naturelles», a-t-elle pesté.

Pendant ce temps, le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-Québec), qui représente les employés de l'usine Stadacona, prépare la riposte.

«Ils veulent la fin du régime (de retraite) et on leur dit non à chaque fois. Alors ils ferment tout juste avant Noël pour ajouter de la pression sur les employés qui ont des familles et des obligations. Ils veulent les forcer à signer n'importe quoi», a déclaré Renaud Gagné, vice-président du SCEP-Québec.

Selon lui, la fermeture annoncée de l'usine Stadacona «a tout l'air d'un lock-out déguisé».

Or, les droits de grève et de lock-out sont suspendus lorsqu'une entreprise est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, a rappelé le syndicat.

Par conséquent, le SCEP a confié un mandat à ses avocats afin d'examiner tous les recours possibles pour contrer la fermeture de l'usine en regard de la loi.