Après avoir été formellement accusé d'abus de confiance et de fraude envers le gouvernement lundi, l'ex-ministre libéral Tony Tomassi a affirmé par voie de communiqué qu'il entend rester député pendant le processus judiciaire.

C'est la première fois qu'il s'exprime depuis que des accusations ont été déposées contre lui, le 11 octobre. Il ne s'est toutefois pas présenté au palais de justice de Québec, lundi. Il a préféré y envoyer une avocate.

«Comme je le fais depuis 2003, je travaille tous les jours pour traiter les demandes de la population de LaFontaine et j'ai l'intention de [continuer] à remplir ce rôle», plaide le député indépendant. Il a très rarement mis les pieds au parlement depuis son expulsion du caucus libéral, il y a un an et demi.

«Je demande à la population de mon comté et mes collègues de l'Assemblée nationale de faire confiance au système judiciaire qui nous gouverne, qui prévoit que toute personne a droit à une défense juste et équitable», ajoute-t-il.

Il n'entend faire aucun commentaire sur la cause. «Nous vivons dans une société de droit où la présomption d'innocence existe et j'entends faire respecter mes droits.»

Tony Tomassi a retenu les services de Me Pierre Poupart - avocat de l'ex-cardiologue Guy Turcotte - et de Me Joseph La Leggia, en congé de maladie après avoir été sauvagement battu à son domicile de Rivière-des-Prairies en décembre 2010. Les deux avocats ont mandaté une collègue pour représenter le député au palais de justice de Québec, lundi matin. Lors de la comparution, la Couronne a transmis la preuve à la défense. Les parties se retrouveront en cour le 10 janvier. M. Tomassi devrait alors préciser s'il souhaite que la cause soit entendue devant un juge seul ou devant juge et jury.

L'absence du député au palais de justice est «tout à fait normale», a indiqué René Verret, porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales. «M. Tomassi est en liberté. Il a comparu par l'entremise d'un avocat, et il a le droit de faire ça. Le Code le prévoit.» Il ne pouvait préciser si le député devra se présenter devant le juge en janvier. M. Verret s'est dit assuré que l'accusé se présentera au palais de justice «quand sa présence sera requise».

Carte de crédit

Tony Tomassi est accusé d'avoir accepté une récompense, un avantage ou un bénéfice de la part de Luigi Coretti et de sa firme BCIA, qui était en relation d'affaires avec le gouvernement. Il aurait tenté d'influencer le gouvernement en échange de cette faveur. Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés entre le 1er juillet 2006 et le 6 mai 2010.

Avant d'être ministre, M. Tomassi avait utilisé une carte de crédit de BCIA pour payer ses factures d'essence, même s'il recevait une allocation de l'Assemblée nationale pour son transport. Après avoir appris ce fait, en mai 2010, le premier ministre Jean Charest l'a expulsé du caucus libéral et a demandé à la Sûreté du Québec de mener une enquête.

La Loi sur l'Assemblée nationale prévoit que le siège d'un député est déclaré vacant si celui-ci «est condamné à une peine d'emprisonnement pour un acte criminel punissable d'une peine d'emprisonnement de plus de deux ans». Chaque chef d'accusation contre M. Tomassi est passible d'une peine maximale de cinq ans.

Le mois dernier, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a dit avoir l'intention de faire des démarches pour destituer M. Tomassi si celui-ci ne démissionne pas rapidement. Son entourage a refusé de préciser, hier, si ces démarches allaient être lancées.