Il y a 24 ans aujourd'hui, décollait le premier vol d'Air Transat. Le L-1011 partait de Mirabel pour Acapulco. À 352 passagers, il était à capacité, et surtout il était à l'heure.

Ce n'est pas la superstition qui a poussé François Legault, l'un des cofondateurs d'Air Transat en 1987, à lancer aujourd'hui son nouveau parti politique. Un samedi après-midi, le 11 septembre 2010, il réunissait dans son salon d'Outremont une vingtaine de personnes intéressées à l'avenir du Québec.

Il parlait déjà de former un parti politique - plusieurs ont quitté le navire depuis, ou au moins pris leurs distances, Joseph Facal, Christian Dufour, Jean Herman Guay. Jean-François Lépine, le journaliste, garde depuis ses distances, tout comme la femme d'affaires, Christiane Germain ou Normand Legault l'ex-manitou du Grand Prix de Montréal.

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Mais Robert Dupras l'ancien chef de cabinet de François Legault au dû passer au crible environ 800 cv de personnes désireuses de jouer un rôle dans le futur parti. Il a commencé à les passer en entrevue.

La Coalition pour l'avenir du Québec dévoilera aujourd'hui son nouveau logo, créé par l'agence Réservoir, plus actuel que la calligraphie du mouvement de réflexion. Attaqué par les libéraux et les péquistes sur ses sources de financement François Legault voudra aussi nettoyer l'ardoise: la CAQ fera table rase de la cagnotte accumulée depuis un an par le groupe de réflexion. Les opérations depuis février, et la tournée amorcée en septembre auront coûté grosso modo 300 000$ à peu de choses près les fonds amassés.

«Et s'il reste de l'argent il sera confié à un organisme de charité», a insisté hier Martin Koskinen, le bras droit de François Legault. D'ici à la fin de l'année 2011, tous les contributeurs au mouvement de réflexion seront identifiés, avec le montant de leur don, promet-on.

Depuis plusieurs mois une série de noms circulent comme recrues éventuelles du nouveau parti de Legault. «Bien des gens ont manifesté un intérêt, mais cela dépend énormément de la date des prochaines élections» observe Koskinen.

Gaétan Barrette

Du groupe de réflexion de l'automne 2010, quelques membres sont déjà des candidats potentiels. Lionel Carmant, médecin à Sainte-Justine est déjà décidé à se lancer en politique, a-t-on appris de l'interne. Si Legault était porté au pouvoir il se voit déjà comme ministre de l'Immigration, confie-t-on à l'interne. Longtemps la coalition a été en déficit de fédéralistes - avec quelques recrues du PLC, Brigitte Legault et Jean-François Thibault à Montréal, on a accès à une réserve de militants désabusés par leur parti fédéral. Reste désormais à trouver «des gros noms» pour porter les couleurs du parti aux prochaines élections. Il y a loin de la coupe aux lèvres «personne de connu n'a dit oui formellement», car ces personnes connues peuvent prendre tout le temps qu'elles désirent - pas besoin de se précipiter à plusieurs mois du déclenchement des élections.

Le poste de ministre de la Santé, est déjà réservé. Depuis des mois Gaétan Barrette, le président de la Fédération des médecins spécialistes, est gardé au chaud par François Legault. Barrette n'assiste à aucune réunion, mais parle directement et quand il le désire à Legault. Indépendant de fortune il ne vise qu'à changer l'organisation de la Santé au Québec, que ce soit à la CAQ ou dans un autre parti. Sa décision n'est pas arrêtée, il attendra de voir le contexte - les sondages -à l'approche du déclenchement des élections.

Michael Fortier

Une autre personnalité évoquée récemment Michael Fortier, l'ancien ministre non élu de Stephen Harper. L'ex-conservateur est proche aussi du PLQ, il pourrait être tenté de faire le saut avec Legault, mais tout dépend du «timing et des chances de l'emporter». Il ne ferme pas la porte, mais reste à distance. Bien que l'analyste Jean Lapierre martèle son nom à chaque occasion, Michael Fortier n'a, depuis un an, eu qu'un ou deux contacts avec François Legault, dans des rencontres sociales. Du côté des Philippe Couillard, Benoît Pelletier et Monique Jérome-Forget la porte est plus catégoriquement fermée.

Jean-François Simard, l'ex-ministre péquiste, attiré à l'origine par Joseph Facal, n'en est pas à sa première renaissance - il avait été dans le passé président des jeunes du Parti libéral du Canada. Le professeur de l'Outaouais est un régulier des assemblées de Legault.

Sébastien Proulx, l'ancien adéquiste de Trois-Rivières, un politicien naturel, se meurt de revenir en politique. Il n'est plus au prestigieux bureau d'avocat qui l'avait embauché. Il a longuement courtisé le PLC, mais devant les déconvenues des libéraux fédéraux, il est en réalignement.

Les ex adéquistes

Marie Grégoire aussi adéquiste est un cas à part. Elle a été échaudée par sa défaite dans Berthier en 2007 - elle avait alors juré qu'elle ne serait plus jamais candidate. Elle a quitté la maison de relations publiques HKDP, et doit faire preuve de réserve comme analyste à Radio-Canada. Elle laisse flotter son nom, comme bien d'autres. Le péquiste de Deux-Montagnes, Benoît Charrette a fait signe dès janvier 2011. Devenu indépendant il attend qu'on le fasse monter à bord. Il n'y aura pas de députés libéraux - même si Legault a tâté le terrain avec Pierre Paradis - mais d'autres péquistes pourraient se joindre à la coalition.

Bien des adéquistes actuels ou passé sont sur le bout de leur chaise en attendant un signe de la CAQ. Parfois on est proche du vaudeville; George Painchaud, annoncé la semaine dernière comme candidat adéquiste dans Bonaventure était le 11 juin dernier dans une réunion de stratégie avec François Legault et ses organisateurs Eric Lebel, Martin Koskinen, et Jacques Théorêt. M. Painchaud, ancien de la Fraternité des policiers, devait s'occuper de la Montérégie pour la CAQ.

Richard Merlini, ancien député adéquiste s'est multiplié en entrevue pour qu'on fasse à nouveau appel à lui dans Chambly. Il y a une semaine, Legault rencontrait en privé Eric Caire et Marc Picard, deux députés indépendants venus de l'ADQ, prêts depuis longtemps à sauter dans le train. Il y a une dizaine de jours, un émissaire de Legault rencontrait les autres députés adéquistes, y compris Gérard Deltell, tous désireux de changer d'allégeance, en filigrane ils songent déjà à leurs rôle dans un éventuel gouvernement caquiste. Linda Lapointe, Jean François Roux et François Benjamin, d'anciens élus adéquistes sont déjà dans l'antichambre aussi. Au sein de l'exécutif de l'ADQ, Jean Allaire, mais aussi Richard Thibault et Raymond Bréard, même Christian Lévesque le directeur général du parti sont depuis longtemps désireux de sauter dans la chaloupe.

Chantale Longpré, présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissements d'enseignements, est aussi une candidate assurée. Mais depuis quelques mois elle joue de prudence parce qu'elle est en litige avec sa commission scolaire qui l'a forcée à démissionner de son poste de directrice d'école. «Actuellement j'ai un dossier important en terme de droit associatif, ça touche la liberté d'expression.... Disons que je réfléchis» confiait-elle en entrevue il y a quelques jours.