Les tergiversations de Gérard Deltell ont assez duré. Les adéquistes doivent rallier le nouveau parti de François Legault, estime Jean-Pierre Parrot, organisateur adéquiste connu de la couronne nord qui, à trois reprises, a été l'adversaire de l'ancien ministre péquiste dans la circonscription de Rousseau.

Adéquiste de la première heure, Parrot avoue ne pas comprendre les hésitations du chef Gérard Deltell, pour qui une fusion n'est pas une absolue nécessité. «Pour moi, c'est indispensable qu'on soit ensemble aux prochaines élections, on ne peut se permettre de se diviser, sinon ce sont les libéraux qui seront élus», résume-t-il.

Parrot appuie totalement le plaidoyer qu'a fait le fondateur de l'ADQ, Me Jean Allaire, lundi soir au comité exécutif du parti. Devant un Deltell hésitant à l'égard de la possibilité de se joindre à la Coalition pour l'avenir du Québec, le vétéran Allaire a prévenu que, isolée, l'ADQ ne traverserait pas les prochaines élections. À Deltell qui se faisait fort de défendre les idées fondatrices de l'ADQ, Me Allaire a répliqué: «Si le parti disparaît, on ne sera pas capables de les faire valoir, ces grandes idées!», a confié un témoin. Joint hier, Me Allaire a refusé de faire des commentaires, rappelant la demande pressante des dirigeants de l'ADQ pour que toutes ces discussions restent secrètes.

Selon Jean-Pierre Parrot, bien des adéquistes sont méfiants à l'endroit de l'ancien ministre péquiste parce qu'ils craignent qu'il ne ressorte un jour son programme souverainiste. À l'époque où il faisait partie du gouvernement de Bernard Landry et, par la suite, dans l'opposition, François Legault était l'élu péquiste le plus pressé à voir la souveraineté se réaliser. Lors du lancement de son mouvement, en février, il a soutenu ne plus pouvoir se décrire comme souverainiste; un référendum ne peut se tenir dans un avenir prévisible, a-t-il conclu. Selon l'adéquiste, la CAQ ne pourra virer de cap et proposer la souveraineté: «Ils ont fait entrer tellement de libéraux fédéraux là-dedans, c'est impossible que cela revienne», prédit-il.

Adéquiste depuis 1998 et organisateur en chef pour 28 circonscriptions de Montréal aux élections de 2008, M. Parrot a appelé François Legault, cette semaine, pour l'assurer de son appui. Aux élections de 2007, Parrot avait réduit à 1400 voix la majorité du nouveau chef de la CAQ dans Rousseau, seule circonscription de Lanaudière qui a échappé à Mario Dumont. En 2008, Legault a facilement distancé le candidat Parrot, par plus de 11 000 voix.

En 2003, M. Parrot a été candidat adéquiste dans Terrebonne; il a mordu la poussière devant la péquiste Jocelyne Caron. En 2009, après la démission de François Legault à l'Assemblée nationale, l'adéquiste a de nouveau tenté sa chance contre le péquiste Nicolas Marceau, en vain.