Comme toutes les municipalités de la banlieue nord, Terrebonne s'oppose à l'adoption du Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD). La Ville va quand même s'y conformer en tous points. Elle va même faire mieux.

Grâce à Urbanova, plus grand «projet de développement urbain écoresponsable du Canada », Terrebonne entend surpasser les controversés «seuils de densité» prévus au PMAD et accueillir 35 000 nouveaux résidants, d'ici 20 ans, sur un territoire deux fois grand comme le parc du Mont-Saint-Bruno situé juste au sud de l'autoroute 640.

Le maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, n'est pas peu fier du grand projet, rendu public la semaine dernière. Les services municipaux y ont travaillé durant six ans, souligne-t-il. La Ville a consacré plus de 800 000 $ en plans et en études pour définir ce projet, «qui s'oppose au modèle classique de la banlieue des années 50, orienté vers l'automobile».

Plus de 12 000 logements pourraient s'élever dans le territoire connu localement comme la côte Terrebonne, un territoire vierge de plus de 1200 hectares (un hectare équivaut à peu près à la superficie d'un terrain de soccer).

Trois logements sur quatre seraient construits dans des secteurs de moyenne et haute densité, en privilégiant la construction de multiplex. Pas un logement d'Urbanova ne devrait être construit à plus de 300 mètres d'un arrêt d'autobus, selon un document de présentation produit par la Ville de Terrebonne.

En cela, Urbanova devrait être une vitrine du type de développement résidentiel que le PMAD souhaite imposer, dans le territoire métropolitain, pour les 20 prochaines années. Le maire Robitaille en convient. Mais cela ne change en rien sa position à l'égard du PMAD proposé par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Il est contre. Comme toute la banlieue nord, qui a l'intention de le faire savoir dans le cadre des séances de consultations publiques sur le projet de PMAD prévues ce soir et demain, à Boisbriand.

«Je sais que ça a l'air étrange qu'on présente un projet conforme au PMAD, tout en étant contre le PMAD, souligne le maire Robitaille dans un entretien avec La Presse. Mais il faut bien comprendre qu'on ne s'oppose pas à tout ce qui est dans le plan de la CMM.»

«On peut densifier, on peut encourager les transports en commun, on ne s'oppose pas à cela, ajoute-t-il. Mais quand on n'a plus de terrains où construire, comme c'est le cas de plusieurs municipalités de la couronne nord, qu'est-ce qu'on fait, si on ne peut plus toucher à la zone agricole?»

Le maire Robitaille, comme la majorité des autres élus de la banlieue nord, craint que le gel de la zone agricole pour cinq ans préconisé par le PMAD entraîne une rareté des terrains, une hausse du coût des propriétés et un exil des familles vers la deuxième couronne de la banlieue.