«M. Tomassi doit s'expliquer  à ses employeurs, c'est-à-dire à la population du Québec!»

Dans une virulente sortie, le chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ) Gérard Deltell a sommé le ministre libéral déchu Tony Tomassi de rendre publiquement et immédiatement des comptes, sans toutefois exiger sa démission. «Je ne demande pas sa démission, le processus judiciaire suivra son cours. On veut juste qu'il agisse avec honneur en racontant sa version des faits à ses électeurs et à la population du Québec», a martelé le chef adéquiste, lors d'un point de presse un peu improvisé mercredi matin à l'ombre des locaux de la Fédération des cégeps du Québec, boulevard Crémazie.

Tony Tomassi, qui siège aujourd'hui comme député indépendant de Lafontaine, a été accusé hier de fraude et d'abus de confiance par l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Les faits reprochés se seraient déroulés entre juillet 2006 et mai 2010. Il aurait notamment utilisé une carte de crédit fournie par la compagnie de sécurité BCIA, qui entretenait un lien d'affaires avec le gouvernement, pour payer des factures d'essence. L'ancien ministre de la Famille est aussi soupçonné d'avoir favorisé l'octroi de permis de garderie à des contributeurs de la caisse électorale libérale.

Gérard Deltell s'est dit scandalisé que de tels gestes se soient produits à l'époque où Tony Tomassi était ministre. «C'est une situation extrêmement grave et lourde de conséquences, puisque ça augmente le cynisme. En politique, on s'engage pour servir, pas pour se servir!», a lancé le chef adéquiste.

Selon lui, ce nouveau pavé dans la mare éclabousse l'ensemble de la classe politique et justifie plus que jamais la tenue d'une enquête publique sur l'industrie de la construction et sur le financement des partis politiques. «La relation disgracieuse entre le Parti libéral du Québec et les forces de l'argent est inacceptable!», a pesté M. Deltell, accusant au passage le premier ministre Jean Charest de diriger la province comme un chef de parti et non un chef d'État. «Il ne faut pas oublier que les ministres libéraux doivent ramener 100 000$ chaque année à la caisse électorale de leur parti...», a souligné Gérard Deltel.

Pendant ce temps, la pression continue de s'accentuer sur Tony Tomassi. Après avoir demandé sa démission, le co-chef de Québec Solidaire Amir Khadir songe maintenant à mettre en branle des démarches pour obtenir sa destitution. Au Parti Québécois, le péquiste Stéphane Bergeron a indiqué de son côté que le député de Lafontaine doit prendre une décision et songer à ses électeurs.