S'il refuse d'entendre les arguments de ses adversaires dans le dossier de la construction, Jean Charest devra malgré tout écouter les voix provenant de son propre parti. Les militants du Parti libéral du Québec (PLQ) débattront en effet de la pertinence de mettre sur pied une commission d'enquête publique sur la collusion dans le milieu de la construction lors de leur prochain congrès.

Une période «d'échange» sur le sujet qui est sur toutes les lèvres au Québec a été mise au programme du congrès qui commencera le 21 octobre, mais les modalités de la discussion restent à préciser.

Le président du parti, Marc Tanguay, a indiqué en conférence de presse mardi à Gatineau que cet échange débutera par un volet «pédagogique» au cours duquel les actions du gouvernement dans le dossier seront énumérées. Par la suite, les membres pourront exprimer leur point de vue sur la question qui fait la manchette des journaux depuis des mois.

«Il est important pour nous d'une part de faire oeuvre pédagogique, de souligner toute l'action que le gouvernement a réalisée jusqu'à maintenant (...), et il y aura par la suite une période d'échange avec les militants», a-t-il souligné.

Lors du dernier congrès, le militant Martin Drapeau avait proposé un débat sur la tenue d'une enquête publique sur la construction, mais personne ne s'était levé pour seconder sa proposition. Le sujet avait donc été évité.

Cette fois-ci, le défi des organisateurs sera inversement de faire en sorte que le dossier ne prenne pas toute la place lors du congrès. Mais M. Tanguay a assuré que le débat sur la construction ne fera pas ombrage aux autres sujets abordés par les membres et qui devraient se retrouver éventuellement dans le nouveau programme politique du parti.

«On aura une approche tout à fait démocratique et équilibrée en ce sens-là», a-t-il signalé. «On saura gérer notre horaire, autrement dit.»

Environ 2500 personnes sont attendues à Québec pour le 31e congrès du PLQ. Les discussions porteront sur 76 propositions issues des membres. Aucune ne porte sur la construction.

Certains médias ont rapporté que le premier ministre Jean Charest pourrait annoncer la tenue d'une commission d'enquête à huis clos la semaine prochaine. Si c'est le cas, la période de débats sur la construction prévue au congrès risque d'être plutôt tempérée.

Marc Tanguay n'a pas voulu spécifier l'ampleur de la grogne actuelle parmi les militants, mais il a admis que les militants sont des citoyens comme les autres.

«Le Parti libéral du Québec est constitué d'hommes et de femmes qui ne sont pas désincarnés de la population, de femmes et d'hommes qui vivent dans leur milieu», a-t-il noté.

De son point de vue personnel, Marc Tanguay se «déclare satisfait» par les gestes posés par le gouvernement de Jean Charest pour tenter d'enrayer la corruption du milieu de la construction, en misant sur les enquêtes policières.