Le gouvernement du Québec répète les mêmes erreurs avec la firme d'entretien ménager PR Maintenance que celles qui lui ont fait perdre des millions de dollars avec l'agence de sécurité BCIA.

Voilà essentiellement ce qu'ont soutenu, hier, les députés Nicolas Marceau et François Bonnardel durant la période de questions à l'Assemblée nationale. Les deux députés ont demandé des comptes au ministre du Développement économique, Sam Hamad, sur la gestion des fonds prêtés à PR Maintenance.

Cette firme de 3000 employés connaît des difficultés financières depuis que son président, Pierre Robitaille, a puisé 1,9 million dans les coffres de l'entreprise pour rénover son chalet, selon un récent jugement. Cette ponction aurait été faite en contravention de la convention avec les prêteurs.

Parmi ces prêteurs figure l'un des fonds d'intervention économique régional (FIER), organisme financé aux deux tiers par le gouvernement du Québec. Le FIER a investi 2,5 millions dans PR Maintenance, en collaboration avec le fonds CPVC. Les récentes négociations risquent de faire perdre au FIER plus de la moitié de cette somme.

Le FIER-CPVC est l'un des fonds qui avaient injecté des millions dans BCIA, agence de sécurité controversée de Luigi Coretti. PR Maintenance avait d'ailleurs tenté de racheter BCIA alors qu'elle était en situation de faillite l'an dernier.

«Comment se fait-il que les administrateurs [du FIER] qui avaient prêté à BCIA étaient encore en poste?», a demandé le député péquiste Nicolas Marceau.

François Bonnardel a rappelé les allégations voulant que le président du FIER, Alain Lambert, aurait été partie à une entente secrète avec Pierre Robitaille. Selon ces allégations, M. Lambert aurait obtenu une commission secrète de 700 000$ s'il avait réussi à faire effacer une dette de 4 millions de PR Maintenance. «Qu'attend le ministre pour mettre le FIER en tutelle?», a demandé le député adéquiste.

Le ministre Sam Hamad a répliqué que le gestionnaire des FIER, Investissement Québec, avait agi rapidement. L'organisme a congédié Alain Lambert, pris les commandes du FIER et rappelé ses prêts totalisant 2,5 millions à PR.

De plus, une firme comptable a été mandatée pour faire la lumière sur la situation et une mise en demeure de 1,9 million a été transmise à Alain Lambert pour les dommages subis dans le dossier. «C'est une situation inacceptable», a déclaré le ministre Hamad.

Au total, le FIER-CPVC devait recevoir 15 millions de dollars de capitaux du gouvernement. Or, la dernière tranche de 3,7 millions n'a pas été versée, a dit hier le ministre. Investissement Québec continue de négocier pour restructurer la dette de PR Maintenance.

De son côté, le député péquiste François Rebello a demandé au ministre des Finances, Raymond Bachand, comment il pouvait accepter que PR conserve le contrat d'entretien de la SAQ alors que l'entreprise «a été reconnue coupable, à plusieurs occasions, d'avoir payé des employés au noir». Le ministre Bachand a répondu que des vérifications sont en cours pour déterminer ce qui peut être fait.