En refusant de comparaître à la date prévue en commission parlementaire, le président du conseil d'administration de la Financière agricole, André Forcier, a commis «à première vue un outrage», a jugé mardi le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon.

Des débats houleux ont mené à cette décision.

C'était la première fois dans l'histoire moderne de l'Assemblée nationale qu'une personne refusait de comparaître devant les élus. Mais même si M. Chagnon souhaite que ce jugement «serve d'avertissement», il ne contient pas de sanction. Comme aucune motion n'a été déposée en chambre, il n'y aura pas de blâme.

M. Forcier s'est finalement présenté mardi pour répondre aux questions des élus. Il s'est dit «content» de ne pas avoir reçu de blâme formel.

La Financière agricole est un organisme paragouvernemental qui sert d'assureur aux producteurs. En août, les membres de son conseil avaient refusé de comparaître en commission parlementaire. Ils avaient reçu un subpoena. Ils ont finalement accepté de témoigner en septembre. M. Forcier était convoqué le 19 septembre. Comme il avait prévu un voyage personnel en France à la mi-septembre, il a plutôt proposé de venir la semaine précédente. On lui a refusé. «J'avais des engagements qui, si je les annulais, me coûtaient beaucoup d'argent», a-t-il justifié.

Pour éponger une dette de près de 700 millions $, la Financière a resserré ses mesures d'indemnisation. Mais on l'accuse d'étrangler ainsi les producteurs. «La Financière suit exactement son programme et toutes les directives émises par le gouvernement», se défend M. Forcier.

Mais la situation est critique, estime l'Union des producteurs agricoles (UPA). Elle rapporte qu'une ferme sur quatre est menacée de faillite.

«Ce ne sont pas les chiffres qu'on a», répond M. Forcier. Il rapporte que seulement 8% des producteurs seraient en retard de paiement. «Est-ce que ça veut dire qu'ils vont fermer les portes? Je ne sais pas. Mais il y a une tendance. (Le président de l'UPA) l'a dit l'autre jour. On va travailler ensemble à sauver le plus de fermes possible, mais on ne pourra pas sauver tout le monde.»

M. Forcier refuse d'assumer toute forme de blâme et ne changerait rien aux décisions récentes de la Financière. Selon lui, les mesures de resserrements n'ont pas aggravé les problèmes des producteurs de porc, particulièrement touchés. «C'est une autre série de facteurs: le Circovirus, le H1N1, la valeur du dollar canadien et l'effondrement des marchés.»