«Je n'ai jamais lâché!», a lancé ce week-end Pauline Marois aux délégués du conseil national du PQ. À nouveau frappée par des défections au sein de son parti, la chef péquiste a voulu toucher le coeur de ses militants et jeté dans la balance les sacrifices consentis, depuis juin dernier, pour garder le cap, en dépit de l'adversité.

«Des fois, je me demande pourquoi je fais tout ça!», a-t-elle déclaré dans sa seule intervention du conseil national en fin de semaine - comme pour ne pas diluer ce message plus personnel, elle s'est refusée à tout point de presse, pourtant un exercice habituel dans ces forums.

«Je pense aux Québécois»

«Dans ces moments-là, je pense aux Québécois, à ceux qui ont de la misère... Je pense à ce que nous pouvons faire pour les Québécois!», a-t-elle lancé, maintes fois ovationnée par les 400 délégués.

Seuls quelques militants montréalais, sont restés calés sur leur chaise sans applaudir.

C'était le premier contact de Mme Marois avec ses militants depuis son triomphe du congrès d'avril dernier - une victoire bien éphémère, elle a depuis perdu cinq députés et une demi-douzaine de présidents d'associations.

Un autre nom s'est ajouté à la liste des départs ce week-end, Philippe Leclerc, président de Mercier, claque la porte pour rejoindre l'Option nationale de Jean-Martin Aussant.

M. Leclerc avait été jusqu'ici un supporter sans faille de Pauline Marois l'ayant appuyée dans sa course ratée à la direction du PQ en 2005.

Selon Mme Marois, les militants du PQ, «sauf pour une poignée» sont conscients «que la souveraineté, cela passe par un Parti québécois uni».

Elle a souligné les sacrifices qu'elle avait faits depuis la tornade des démissions de quatre députés en juin.

Hommage à Gendron

Par ailleurs, le conseil national a rendu hommage au député François Gendron, élu sans interruption depuis 1976 dans Abitibi-Ouest.

«On a été souvent nos propres adversaires, a soutenu le vétéran dans son allocution. «De toutes les batailles, je crois que les plus destructrices sont celle qu'on se livre entre nous, quand les coups viennent des nôtre... C'est dur.»

Pour sa part, le démissionnaire Leclerc déplore que le débat sur le «renouveau démocratique», proposé par Bernard Drainville, ait été reporté à la fin novembre par la chef péquiste. Le député de Marie-Victorin a souligné avoir demandé, en vain, à M. Leclerc de rester dans la barque péquiste.

La chef péquiste a attaqué le gouvernement Charest mais s'est faite bien plus cinglante à l'endroit de son ancien collègue, François Legault, l'accusant d'avoir «voulu détruire le Parti québécois» en proposant un «parti fantôme».

Après être resté muet au sujet de la tenue d'une enquête publique sur la construction dans sa plate-forme, François Legault «s'est mis à louvoyer» dès la publication du rapport Duchesneau. Il s'est mis à proposer des enquêtes «à huis clos, semi-publiques, semi-privées», a-t-elle ironisé.

«Legault fait une erreur»

«En demeurant flou, M. Legault fait une erreur, il fait le jeu du gouvernement Charest», a-t-elle soutenu.

En 2007, alors député péquiste, M. Legault avait déclaré: «À partir du moment où on fait la démonstration que le Québec, comme province, est ingouvernable, il faut être cohérent. Il ne faut pas s'engager à gouverner l'ingouvernable!», a rappelé Mme Marois. «Faut être cohérent, François», a-t-elle insisté, l'accusant de «virevolter au gré du vent».