Tout le climat de méfiance qui plane au-dessus des partis politiques a des conséquences tangibles pour leurs stratégies de financement, même au PQ, qui réclame qu'une commission d'enquête sur la construction aborde le financement des partis.

Pour la première fois cette année, le PQ ne tiendra pas d'activités de financement «national» des cocktails-bénéfices tenus traditionnellement à Montréal et Québec qui rejoignaient de gros contributeurs.

«Les activités nationales, c'était beaucoup d'énergie et on n'en retirait pas énormément d'argent. Cela ne valait pas la peine compte tenu des efforts exigés» d'expliquer hier le responsable de la campagne de financement 2011 du PQ, Pascal Bérubé, député de Matane avec un objectif de 1,9 million $. «On cherche à obtenir davantage de petits dons» explique-t-il. Le PQ compte faire un blitz de financement, le 6 novembre.

Il y a une dizaine d'années, le PQ recueillait beaucoup d'argent à parti des «milieux de vie» le financement auprès des dirigeants des grandes firmes. Marcel Mélancon, un entrepreneur à l'époque associé avec Tony Accurso a déjà  été responsable du financement.

Mais dans une présentation aux délégués par le député Stéphane Bergeron on constate que dans les dernières années, le PQ au pouvoir ne recueillait pas plus d'argent que dans l'opposition toutefois.

Mais la kyrielle des accusations qui éclaboussent les professionnels qui contribuent aux caisses électorales a refroidi les ardeurs de plusieurs. «Les gens hésitent c'est vrai» explique Agnès Maltais, députée de Taschereau. Elle tenait il y a quelques jours son activité de financement -le club des 400 $ où les militants sont invités à contribuer 400 $ ce qui leur permet de retirer le remboursement maximal à l'impôt, 300 $. Dans ces semaines de controverse autour du financement, bien moins de militants se sont rendus à cet événement. Ils étaient entre 20 et 30 alors qu'habituellement ces rassemblements dépassent facilement les 60 personnes. «Mais cela n'a pas affecté le niveau du financement, les gens m'ont transmis tout de même leur chèque, mais ne sont pas venus à l'activité », résume Mme Maltais.

Depuis 2011, la limite des dons annuels a été fixée à 1000 $ par personne par parti. Le PQ a adopté en avril 100 $ comme maximum acceptable, mais sa proposition est assortie d'une compensation venant des fonds publics. Le comté de Marie Victorin, celui de Bernard Drainville s'applique déjà ce barème plus restrictif.

En outre, on a mis en place des contrôles plus rigoureux, qui forcent les partis à transmettre les chèques reçus au Directeur général des élections, qui les redistribue par la suite.

Pour M. Bérubé, le bureau du DGE parait dépassé par le volume de chèques transmis et des retards étaient problématiques. «C'est le rythme, à partir du moment où on envoie l'argent et celui où c'est revenu au parti politique, cela est variable d'un comté à l'autre », explique le député péquiste.

Rejoint par Cyberpresse, le DGE Jacques Drouin «s'inscrit totalement en faux» devant ces observations, il faisait même tout récemment son rapport à ce sujet au ministre responsable, Yvon Vallières.

«Tout est retourné en 24, 48 au maximum 72 heures», d'insister M. Drouin. Les causes des retards sont bien différentes. Les bénévoles des partis doivent remplir des fiches pour accompagner des chèques. Or celles-ci sont souvent mal remplies, incomplètes relève le DGE. Il ne peut dire toutefois si ces erreurs sont plus courantes dans un parti en particulier.

Nouvelles explications de M. Bérubé. Pour le PQ la mécanique est laborieuse parce que deux fiches doivent être remplies - on migrera cette année d'un système à l'autre.

Le PQ est revenu à la charge hier sur sa demande d'une enquête publique sur la construction et le financement des partis politiques, «la seule et unique solution acceptable» de résumer le député péquiste de Verchères, Stéphane Bergeron. Pas question pour lui de se contenter d'une enquête à huis clos. L'option d'un super procureur chargé de ces dossiers, une solution partielle, n'est pas plus acceptable indique-t-il.

En après midi samedi, les délégués péquistes ont eu droit à un vidéo où on présentait en cascade Pauline Marois réclamant une commission d'enquête de son siège à l'Assemblée nationale.

En matinée dans un discours passablement émotif devant les délégués elle avait rappelé l'engagement du PQ à déclencher cette enquête dans les 100 premiers jours suivants son élection.

Le député de Verchères, M. Bergeron, a fait une synthèse des arguments en faveur d'un tel exercice.

«Actuellement, le soupçon plane sur tout le monde...tous les élus, tous les ingénieurs les professionnels sont touchés. Cela ne peut continuer» de souligner le député Bergeron.

BCIA, le supplément au salaire de Jean Charest, les garderies libérales, le PQ aura posé 400 questions à l'Assemblée nationale sur la corruption sous toutes ses formes a-t-il répertorié. Au printemps 2010, le PQ était au centre d'une coalition, «des foulards blancs» qui n'a pas influencé le gouvernement, a-t-il rappelé.

Les travaux publics au Québec coûtent environ 30 % de trop, une enveloppe de 4 milliards $ qui serait salutaire dans les budgets de la Santé et d'Éducation.