Le président du conseil d'administration de la Financière agricole peut continuer de profiter de ses vacances en France. La commission parlementaire sur l'agriculture hésite encore à utiliser une procédure de dernier recours: le mandat d'amener. Ce serait la première fois dans l'histoire récente du Québec qu'on forcerait ainsi un individu à comparaître devant l'Assemblée nationale.

«On a convenu d'attendre le début de la semaine prochaine avant de prendre une décision», a annoncé hier Sophie Villeneuve, attachée de presse du PQ. La décision doit être prise par le vice-président et le président de la commission, Claude Pinard (PQ) et Pierre Paradis (PLQ).

Un subpoena avait déjà été envoyé aux administrateurs de la Financière il y a quelques semaines pour les forcer à témoigner. Seul le président du conseil a refusé de témoigner à la journée proposée. Il est parti en voyage personnel.

La commission veut l'accuser d'outrage au Parlement ou lancer un mandat d'amener. Les autorités devraient alors aller chercher M. Forcier là où il se trouve pour qu'il comparaisse devant la commission.

Cette procédure courante en droit criminel est rare dans la vie parlementaire. Sur la scène fédérale, elle a été utilisée une fois dans les 100 dernières années: en 2007, pour Karlheinz Schreiber dans l'affaire Airbus.

La Financière sert d'assureur aux agriculteurs. Elle a accumulé une dette de près de 700 millions$. Pour la rembourser rapidement, elle a resserré ses critères d'indemnisation aux agriculteurs qui produisent à perte. La commission l'accuse d'insubordination. Elle collaborerait peu et minimiserait les problèmes des agriculteurs. Une ferme sur quatre serait au bord de la faillite.

Or, une source très proche du dossier indique que le ministère des Finances n'a jamais incité la Financière à rembourser si rapidement sa dette. On ne comprend pas son empressement.

M. Paradis, le président de la commission, dit vouloir attendre les suites d'une réunion d'hier avec le sous-ministre de l'Agriculture et le président de l'Union des producteurs agricoles, qui sont aussi administrateurs de la Financière.

«Il faut leur donner une chance pour trouver des solutions». Mais il rappelle que les prérogatives de l'Assemblée nationale doivent être respectées.