Régis Labeaume s'est excusé mercredi aux victimes collatérales de loi 204. «J'ai remercié (Pauline Marois) très sincèrement en lui disant que j'étais désolé pour tous les pépins que ça a créés. Pépins étant un euphémisme», a raconté le maire de Québec.

La loi 204, adoptée mercredi midi, blinde juridiquement son entente de gestion avec Quebecor pour le futur Colisée. Denis de Belleval, qui conteste en Cour supérieure la légalité de loi, croit aussi qu'il s'agit d'un euphémisme. «M. Labeaume et Agnès Maltais ont causé des pertes irréparables au PQ, à leur parti. On n'est jamais aussi bien trahi que par les siens.» M. Labeaume s'était présenté en 1998 comme candidat à l'investiture péquiste dans Montmorency-Orléan.

Le maire a salué le premier ministre Jean Charest qui a «respecté sa parole», ainsi qu'Agnès Maltais. «Je lui ai dit que pour le reste de sa carrière politique, tous les citoyens de Québec lui en seront redevables».

Il ne s'est pas inquiété de la démarche judiciaire de M. de Belleval. «Je laisse les avocats travailler ça avec eux autres. Moi, je ne m'occupe plus de ça.»

«C'est fatiguant...»

Le patron de Quebecor, Pierre-Karl Péladeau, a affirmé par voie de communiqué qu'il disposait maintenant «de tous les outils» pour ramener les Nordiques à Québec. «Je nous invite tous à nous unir et à nous mobiliser derrière ce projet collectif», a-t-il déclaré.

«À partir de maintenant, je crois que M. Péladeau peut se permettre d'appeler le commissaire (de la LNH, Gary) Bettman. Et s'il ne se souvient pas de son numéro de téléphone, moi je l'ai», a ajouté le maire Labeaume.

Si c'était à refaire, il procéderait «exactement » de la même façon. Il négocierait encore de gré à gré avec Quebecor au lieu de lancer un appel d'offres. «Ce que nous avons fait était légal en vertu de la Charte de la ville de Québec, qui était en contradiction avec la Loi sur les cités et villes. Il y avait un trou, et ce trou sera comblé parce que la Loi sur les cités et villes sera changée.»

Il n'a pas voulu dire s'il mettrait des balises supplémentaires pour superviser la construction de l'amphithéâtre. « On va appliquer les règles. Écoutez, arrêtez de parler de ça, vous me faites rire. Un projet de 400 millions $ où tous les yeux du Québec vont être dessus... Voyons donc ! Pensez-vous qu'il va y avoir de la collusion là-dedans ? Ah!... C'est fatiguant.»

M. de Belleval reste sceptique. «La loi 204 veut empêcher les citoyens de contester une loi. Et tout cela pour quoi? Pour construire un aréna dont on ne connaît pas le prix final, et essayer d'attirer une équipe de hockey, dont la venue est loin d'être certaine.» Il critique aussi les quelque 200 millions $ que le gouvernement Charest injectera dans la construction de l'amphithéâtre. «Pendant ce temps, on annonce des compressions d'environ 800 millions $ dans des secteurs aussi essentiels que la santé et l'éducation, et nos infrastructures routières sont dans un état critique», dénonce-t-il.

«Honte!»

La loi 204 a été facilement adoptée hier. Le résultat du vote : 98 députés pour, 14 contre et 5 abstentions.

Il avait fait éclater une crise qui germait déjà au PQ. Cinq députés avaient alors claqué la porte du caucus. Mme Marois a finalement consenti à offrir pour la première fois le vote libre. On a compris la dissension créée par ce projet de loi hier.

«Honte!», a scandé l'ex-péquiste Louise Beaudoin en écoutant son ancienne collègue Agnès Maltais l'attaquer durant son argumentaire en chambre. Mme Beaudoin a évidemment voté contre, tout comme les ex-péquistes Lisette Lapointe, Jean-Martin Aussant et Pierre Curzi, ainsi qu'Amir Khadir.

Neuf péquistes les ont imités, incluant la nouvelle présidente du caucus, Monique Richard, et des poids lourds comme Bernard Drainville. Cinq autres péquistes se sont présentés en chambre, mais se sont abstenus au vote. Plusieurs autres se sont ralliés à la dernière minute à cause du dépôt du projet de loi 30, qui étend à l'ensemble des municipalités les privilèges accordés à la ville de Québec.

Le ministre responsable de la région de Québec, Sam Hamad, estime qu'un résident de Québec ne pouvait pas légitimement s'opposer au projet de loi. «Ce que je trouve déplorable, honnêtement, c'est qu'il y a des citoyens de Québec comme M. Drainville (...) qui votent contre le projet. Je ne le comprends pas. Jusqu'où il va? Il reste dans la région de Québec, sa famille reste à Québec, je trouve cela déplorable.»  

PROJET DE LOI 30

Les privilèges accordés à Québec seront étendus aux autres municipalités avec le projet de loi 30, déposé hier par le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard. Il modifie la Loi sur les cités et villes pour permettre aux municipalités de négocier de gré à gré pour les contrats des infrastructures de sport et de divertissement. S'il avait en vigueur l'année dernière, il aurait forcé le maire Labeaume à suivre un processus plus serré. Le projet de loi 30 exige entre autres que les municipalités forment un comité de sélection et que des rapports soient produits.