François Legault n'avait pas que des partisans parmi la cinquantaine de Gaspésiens qui ont pris part à sa première consultation publique, hier soir. Le cofondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec a essuyé des critiques, surtout lorsqu'il a écarté l'idée de protéger une circonscription de la région menacée de disparaître avec la réforme de la carte électorale.

L'ancien député péquiste de Gaspé Guy Lelièvre a assisté à la rencontre. Il a indiqué à La Presse que les idées de la CAQ sont «intéressantes», mais qu'il n'est ni «pro-Legault» ni «pro-Marois» en ce moment.

Le maire de Gaspé, François Roussy, 37 ans, participait également à la rencontre. Il a passé la soirée de dimanche en compagnie de M. Legault et l'a suivi toute la journée hier. «Il est pas mal sur la même longueur d'onde que nous sur nos propositions. Si on formait un parti politique, ça pourrait faire un bon candidat», a affirmé M. Legault à La Presse. M. Roussy, qui avait été courtisé par le PQ et le PLQ en 2008, laisse la porte grande ouverte. «On verra», a-t-il dit, saluant «l'écoute» de M. Legault à l'égard des préoccupations de la région. Avec les Patrick Lebel et François Rebello, M. Roussy faisait partie du clan de jeunes partisans de François Legault à l'époque où celui-ci était ministre du PQ.

Parmi les autres participants, certains se qualifient de «souverainistes déçus» alors que d'autres se disent plutôt des sympathisants libéraux. La soirée était d'ailleurs animée par James-Alexander Keays, qui était jusqu'à tout récemment attaché politique du député libéral de Gaspé, Georges Mamelonet. Des participants ont manifesté à La Presse leur colère à l'égard de Jean Charest qui a choisi un ministre de Québec, Yves Bolduc, plutôt qu'un député de la région pour être responsable de la Gaspésie au Conseil des ministres.

L'ancienne députée libérale de Matane Nancy Charest n'était pas présente, mais François Legault confirme que des échanges sont en cours et qu'elle «peut être une candidate intéressante». Elle s'est présentée sous la bannière du PLC aux dernières élections fédérales.

Inquiétudes et scepticisme

Au cours de la soirée, trois Gaspésiens se sont montrés inquiets de la disparition d'une circonscription dans la région, l'une des trois menacées par le redécoupage de la carte électorale. «On va perdre notre mot à dire», a lancé Michel Pouliot, fondateur de l'aéroport de Gaspé. François Legault a jeté une douche froide en rejetant l'idée d'augmenter le nombre de députés à l'Assemblée nationale pour éviter la disparition de la circonscription. Il a souligné l'importance de créer trois circonscriptions dans la banlieue de Montréal, là où la population a augmenté, comme le prévoit la réforme du DGE. Il s'est toutefois dit favorable à ce que les députés des régions éloignées aient davantage de moyens.

François Legault a fait valoir l'importance d'exploiter les ressources naturelles, en particulier les hydrocarbures, dans la région. Il a toutefois reconnu que le dossier est «hyper délicat», en raison des inquiétudes au sujet des impacts environnementaux. «Ça nous prend pas juste un Plan Nord, ça prend aussi un Plan Est», a-t-il dit. «On n'a pas le droit de laisser passer cette occasion», car c'est «la clé de notre avenir» et de celui de la Gaspésie.

La Caisse de dépôt devrait miser, selon lui, sur des prises de participation dans les projets de Petrolia à l'île d'Anticosti et de Corridor Ressources dans le golfe Saint-Laurent. «Je ne pourrai vous donner mon vote avec ce que vous dites. Pour moi, c'est intouchable, le golfe Saint-Laurent», a répliqué un citoyen. Un autre s'est demandé si la CAQ ne considérait pas la région seulement comme «un frigidaire» où «on veut juste se servir».

Un participant s'est montré sceptique quant à l'idée d'abolir les commissions scolaires comme le propose la CAQ. Un étudiant s'est opposé à l'idée d'augmenter les droits de scolarité de certains programmes qui offrent des perspectives de revenus plus élevés.

Mais d'autres citoyens se sont dits prêts à sauter dans le train de François Legault. «Je suis un partisan du ménage, et si vous avez besoin de quelqu'un au balai, je suis là», a lancé Gaston Langlais. Un autre a demandé à M. Legault à quel moment il lancera son parti pour faire en sorte que son plan ne soit pas qu'un «mirage». «Je suis un gars d'action, et ça ne restera pas théorique, cette affaire-là», a-t-il répondu. Il annoncera sa décision plus tard cet automne - il est fort probable qu'il aille de l'avant.

Sa tournée du Québec prend d'ailleurs des airs de campagne électorale. Hier, il a dîné avec des gens d'affaires, rencontré des professeurs de cégep, visité les Pêcheries Marinard et le TechnoCentre éolien. Il sera aujourd'hui à Baie-Comeau. Il terminera sa visite de 16 villes à Québec le 20 octobre.